Le président de la République ivoirienne, Alassane Ouattara, a profité de la cérémonie d’ouverture de la campagne cacaoyère, couplée avec celle des Journées nationales du cacao et du chocolat, organisée jeudi 1er octobre 2020 à Yamoussoukro pour annoncer que le prix minimum garanti bord-champ du kilogramme de cacao pour la période 2020-2021 est fixé à 1000 FCFA.
L’augmentation correspond à la prime négociée depuis 2019 par le gouvernement avec les multinationales pour améliorer les revenus des planteurs. Malgré la tendance baissière des cours mondiaux du cacao, M. Ouattara a précisé que l’Etat, soucieux du bien-être des producteurs, a consenti 355 milliards FCFA pour parvenir à 1000 FCFA/Kg contre 825 FCFA/kg lors de la campagne précédente.
« Nous avons décidé d’augmenter le prix de 825 à 1 000 francs CFA », a déclaré le président Ouattara lors de la manifestation annuelle qui ouvre la grande saison de la récolte, suscitant des acclamations des planteurs présents. Avec ce montant de 1 000 francs CFA (1,52 euro) par kilo pour la récolte 2020-2021, le prix du cacao « bord champ », payé aux planteurs, fixé chaque année par le gouvernement, est en hausse de 21 % par rapport à la saison précédente.
Un geste salué, mais jugé encore insuffisant pour le pays, premier producteur mondial de cacao. Cette augmentation correspond au « différentiel de revenu décent » (DRD), la prime de 400 dollars par tonne (soit 224 francs CFA par kilo) négociée avec les multinationales du cacao et du chocolat pour améliorer les revenus des planteurs à partir de cette saison, note un expert du secteur. « C’est nécessaire, mais pas suffisant pour que les planteurs vivent décemment », explique-t-il.
« Ce n’est pas suffisant pour vivre »
Pour N’Dri Kouao, un planteur, « c’est juste pour vivre. On aurait voulu 1 200 francs CFA ». « C’est un progrès, mais ce n’est pas suffisant pour vivre. Il faudrait 1 400 ou 1 500 francs CFA pour s’en sortir », a abondé le président du Syndicat national agricole pour le progrès en Côte d’Ivoire, Moussa Koné.
Ce prix de 1 000 francs CFA par kilo pour la Côte d’Ivoire, qui produit plus de 40 % du cacao mondial, est équivalent à celui annoncé la semaine dernière par le Ghana voisin, qui en produit environ 20 %. Depuis 2019, les deux pays d’Afrique de l’Ouest se concertent pour tenter de faire monter le prix de l’« or brun » sur les marchés mondiaux. Ensemble, ils ont réussi à imposer le DRD.
« Notre stratégie commune permet aujourd’hui de mieux défendre les intérêts de nos producteurs au niveau international », a estimé le président Ouattara. « Si le Ghana et la Côte d’Ivoire restent ensemble, le DRD existera toujours », a déclaré Joseph Boahen Aidoo, directeur du Cocobod, l’organisme étatique qui gère la filière cacao au Ghana.
Ce montant de 1 000 francs CFA est un retour au prix de 2015. Il avait ensuite atteint 1 100 francs CFA en 2016, un record. Les prix avaient ensuite été tirés à la baisse par l’effondrement du cours mondial.
La récolte de cacao 2020-2021 devrait rester au même niveau élevé qu’en 2019, avec 2,1 millions de tonnes, selon les prévisions de l’Organisation internationale du cacao, si des troubles politiques ne la perturbent pas. Mais la consommation mondiale de cacao a été affectée par la crise du coronavirus, tirant les prix des marchés à la baisse. Le cacao est stratégique en Côte d’Ivoire puisqu’il représente 10 % à 15 % du produit intérieur brut (PIB), près de 40 % des recettes d’exportation et fait vivre 5 à 6 millions de personnes, soit un cinquième de la population, selon la Banque mondiale.
Moctar FICOU / VivAfrik