À peine deux mois et demi que la vague verte a déferlé sur les métropoles aux municipales, et les nouveaux maires écolos multiplient déjà les prises de position polémiques. Les nouveaux maires Verts veulent mettre fin à des événements et projets qu’ils jugent en contradiction avec la préservation de l’environnement.
Les coureurs ne s’étaient pas élancés sur la Grande Boucle 2020 que déjà les élus écologistes de Rennes, alliés aux socialistes, freinaient des quatre fers début août pour ne pas voir leur ville accueillir le départ de l’édition 2021, en remplacement de Copenhague. Trop cher, pas assez écolo. Ce sera donc Brest la ville de départ l’été prochain.
« Un autre Tour est possible »
Quelques jours avant le passage du Tour à Lyon, c’est le nouveau maire EELV Grégory Doucet qui en remet une couche début septembre dans Le Progrès : « Plusieurs points me dérangent », prévient-il. L’édile lyonnais juge notamment qu’« il devrait y avoir un Tour de France féminin depuis longtemps ». Il s’interroge également sur « l’empreinte écologique » de l’événement, pointant les véhicules thermiques qui encadrent les coureurs et les déchets engendrés par les cadeaux distribués par la caravane publicitaire.
« Tous les petits objets, les goodies, les machins qui sont jetés par la caravane doivent maintenant être repensés pour être durables ou ne pas être jetés du tout », précise-t-il. Grégory Doucet ne se dit pourtant pas fermé à accueillir de nouveau la Grande Boucle dans la capitale des Gaules, « quand elle aura démontré qu’elle peut évoluer ».
Sa collègue écolo Léonore Moncond’huy, maire de Poitiers, assure au contraire sur France Info être « très heureuse » de recevoir le Tour dans sa ville. Mais elle aussi souhaite que l’événement s’engage sur l’écologie, reconnaissant que des efforts ont déjà été faits. « Le problème n’est pas le Tour de France en lui-même, mais comment il est fait. C’est pour cela qu’un autre Tour est possible, plus sobre en moyens de communication, en véhicules. »
Pas de sapin « mort » à Noël
À Bordeaux, point de polémique cycliste pour le maire, qui se projette déjà vers les fêtes de fin d’année, avec un engagement fort : la suppression de l’arbre « mort » de Noël sur la place Pey-Berland. « Je garde le souvenir de cet arbre mort qu’on faisait venir tous les ans, regrette-t-il lors de sa conférence de presse de rentrée début septembre. Ce n’est pas du tout notre conception de la végétalisation. » Ces propos ont, là aussi, provoqué un tollé. Invité à la radio le lendemain, il a précisé : « Cette année, nous privilégierons plutôt des arbres vivants, que nous allons décorer. »
La question de l’empreinte écologique des sapins de Noël est toujours délicate : d’un côté, les sapins artificiels en plastique sont produits avec des ressources fossiles et consomment beaucoup lors de leur long transport depuis l’Asie. De l’autre, les sapins naturels, même s’ils sont cultivés spécifiquement pour être coupés et que leur culture est très encadrée, occupent des terres qui pourraient être dévolues à d’autres cultures. À Toulouse, l’an dernier, le sapin de Noël géant sur les allées Jean-Jaurès, constitué de près de 400 petits sapins naturels coupés et montés sur une structure, avait fait polémique.
Débats et dangers de la 5G
Par quoi remplacer le sapin de Noël de Bordeaux ? Si Pierre Hurmic évoque l’idée d’un « spectacle vivant », ce ne sera en tout cas pas par une antenne 5G. Fidèle à ses positions pendant sa campagne, il a réaffirmé sur RTL au lendemain de son élection qu’il souhaitait avoir « un vrai débat » autour de la 5G. « Je trouve totalement inadmissible qu’on puisse imposer la 5G sans expliquer, sans discuter, sans voir ce que sont les aspirations des habitants. » Et d’ajouter qu’il « faut indiquer à nos concitoyens quels sont les dangers de la 5G ».
« La 5G pose des problèmes de santé publique », a tweeté le 19 juin, sur la même ligne, la nouvelle maire EELV de Besançon Anne Vignot. « Attention à ne pas courir après des technologies qui nous amèneraient dans le mur. » Au-delà des effets de la 5G sur la santé, qui ne sont toujours pas précisément documentés par les scientifiques, d’autres maires comme Léonore Moncond’huy à Poitiers pointent également « l’impact catastrophique en termes de consommation énergétique ». « On pourrait aussi se contenter de ce qu’on a, la 4G fonctionne très bien », estime-t-elle dans Le Parisien.
Des polémiques qui inquiètent jusque dans les rangs des écolos eux-mêmes. « Attention aux mauvais symboles et aux maladresses de communication… », a notamment mis en garde sur Twitter le député Matthieu Orphelin. « Cette polémique sur le sapin écrase les (bonnes) annonces de rentrée du maire de Bordeaux hier. Idem celle sur le Tour de France. Les anti-écolos n’attendent que cela… »