Les inondations sont devenues récurrentes à partir des années 2000 dans les villes de l’Afrique de l’Ouest…les mutations rapides dans l’occupation des sols dues à la forte demande en parcelles d’habitation liée à l’augmentation de la population et, la faible densité du réseau d’assainissement pluvial sont des facteurs favorisant les inondations en cas de précipitations supérieures ou égales à la normale.
Lors des périodes de disette, les villes ont connu une croissance non maîtrisée, cet exode massif se traduit par une extension désordonnée de l’espace urbain, laquelle est facilitée par le vide juridique concernant la colonisation des terres (droits coutumiers à Nouakchott, Dakar ou Djibouti). Les « exilés climatiques » s’accaparant des terres sans que les pouvoirs publics aient le moindre contrôle de la situation en termes d’aménagement. La prolifération de quartiers spontanés et de lieu de survie s’est faite dans l’urgence et souvent sur des zones potentiellement à risque.
Dakar illustre cette urbanisation accélérée (croissance démographique rapide, exode rural, etc.) et la crise des États mis sous ajustement structurel, autant de facteurs explicatifs des difficultés des pouvoirs publics à aménager l’espace urbain (Mbow et al.,2008).
Les nouveaux quartiers se développent sans plan d’aménagement préétabli et souvent au détriment de milieux naturels peu propices à l’urbanisation (lits majeurs d’oueds, zones inondables, anciennes carrières…), ce qui les rend très vulnérables avec pour conséquence la multiplication des inondations urbaines et l’accentuation de leur caractère meurtrier.
La zone de captage, des quartiers de la banlieue de Dakar et Grand Yoff par exemple sont habités. «Il y’a une récurrence des problèmes liés à l’inondation à cause de beaucoup de facteurs. Il y’a en premier lieu, un défaut d’aménagement correct qui ne respecte pas souvent certaines dispositions préalables. Les gens ont habité dans des zones inondables qui sont de réceptacles d’eau. Dans l’aménagement, les gens n’ont pas pris en compte le système hydrographique. Quelle que soit l’aménagement local, il y’a un système d’ensemble topographique qu’il faut tenir en compte», a expliqué un ingénieur hydraulique, dans les colonnes de Sud Quotidien, un hebdomadaire sénégalais.
L’autre problème de la gestion des inondations est aussi selon lui, les infrastructures prévues à cet effet, ne sont pas adaptées.
« Il y a une imperméabilisation constante de Dakar ; l’écoulement de l’eau est lent. L’impact immédiat est qu’il n’y a pas d’infiltration. Il n’y a pas d’ouvrages structurants. L’urbanisation de Dakar n’est pas accompagnée d’ouvrages structurants permettant de prendre en charge certains problèmes liés aux inondations. Le problème est là, et on fait des solutions conjoncturelles par zone, comme le pompage ; là n’est pas la solution. Or, la solution serait plutôt de mettre en place des ouvrages structurants qui permettent de régler le problème de manière définitive».
Une autre difficulté de l’aménagement des villes ouest africaines, souvent négligée, est liée aux sites d’implantation (Vennetier, 1982), souvent déterminés par des choix économiques hérités de l’époque coloniale. Ainsi les besoins d’un port apte à accueillir les navires en provenance de la métropole ont été privilégiés dans le choix du site de Dakar dans un cadre géographique pourtant étroit.
Aly Mangassa