Propos recueillis par Moctar FICOU
Alors que l’hivernage s’est définitivement installé au Sénégal, l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) assure être bien préparé à l’arrivée des pluies de la présente saison pour parer à toute éventualité. Suffisant pour son directeur général, Lansana Gagny Sakho, dans une interview accordée à VivAfrik, de parler du plan mis en place par sa structure pour lutter contre les inondations dans la capitale sénégalaise. M. Sakho a également invité les autorités compétentes à revoir un peu le code de l’assainissement, le code l’environnement et le code de l’urbanisme pour arriver à trouver des solutions durables sur toute l’étendue du territoire national.
L’hivernage s’est définitivement installé dans le pays, quel est aujourd’hui le dispositif mis en place et les constatations qui ont été faites ?
Les dispositifs sur lesquelles nous avons commencé à travailler depuis le 25 avril 2020 concernent en général les mesures d’hygiènes avec gestion et renforcement de toutes les capacités à cause de la pandémie du Covid-19, structurer l’ensemble des canaux en coordination avec les institutions comme l’APIX, la mairie de la ville de Dakar, l’Ageroute… Il y a donc une coordination de synergies d’efforts pour prendre des mesures adéquates visant à curer l’ensemble des canaux, le drainage des eaux pluviales, mettre en place, dans des endroits stratégiques, des stations de pompage et renforcer les équipes sur le terrain pour nous assurer que nos ouvrages sont suivis correctement. Ce n’est pas l’échelle de Dakar que nous avons dans le viseur mais l’échelle du Sénégal. Dans les zones où il n’y a pas d’ouvrages de service comme Keur Massar, ces zones sont prises en charge par les sapeurs-pompiers en général pour mettre un terme aux inondations.
Est-ce qu’on vous a rapporté des cas d’inondations malgré ce dispositif ?
On ne peut pas dire que ce dispositif ne fonctionne pas. Il fonctionne correctement, au contraire. On ne peut pas dire, non plus, qu’il n’y a pas d’eau stagnante. Il faut faire la part des choses entre ce qu’on appelle inondation et des eaux stagnantes. Il y aura toujours des eaux stagnantes quand vous avez des points bas, il y aura toujours des eaux stagnantes quand vous avez le flux d’entrée d’eau qui est plus important que des flux d’écoulement dans les ouvrages. Le plus important c’est qu’il faut s’organiser pour que ces eaux partent. Vous avez des zones comme la Médina où les réseaux sont très vieux, ils datent des années 60. Ces réseaux ne peuvent plus supporter la capacité d’écoulement. Dans ce cadre, nous avons un programme de renouvellement de réseau qui va concerner la Médina, Rebeuss et la Gueule Tapée. Vous allez Parcelles Assainies, c’est la même problématique. Des zones qui se sont peuplées très vite, qui nécessitent d’avoir un bon réseau et qui parfois posent des problèmes ponctuels sur lesquels on arrive toujours à trouver des solutions. En conclusion, je peux dire que le réseau fonction très bien par rapport au dispositif, cependant, il va y avoir naturellement des moments où des eaux vont rester et stagner.
Comment pouvez-vous comprendre que dans une capitale comme Dakar qu’il y a encore des quartiers qui n’ont pas d’assainissement. Avez-vous un programme global au profit des quartiers ?
Le problème de dépasse largement un problème d’assainissement. Ce que nous avons, c’est un problème de cadre de vie, des quartiers spontanés ont poussé très dans des zones non propices sans forcément que des chantiers d’assainissement, en particulier, ne soient mis en place. En général, ce sont des opérateurs privés qui vont dans les Almadies, la cité des Mamelles et beaucoup d’autres zones où on a vendu des parcelles sans des réseaux d’assainissement. C’est malheureusement un fait courant dans ce pays. Mais je pense qu’il faut revoir un peu le code de l’assainissement, revoir le code l’environnement et le code de l’urbanisme pour arriver à trouver des solutions durables sur toute l’étendue du territoire national.
Il y a également la responsabilité des populations qui, quand il pleut, elles ouvrent souvent leur fosse septique, d’autres déposent de la matière solide sur les rues. Est-ce qu’il ne faut pas corser cette police de l’assainissement ?
On ne peut pas tout régler par des lois qui sont dures. Je pense que c’est plus un problème d’éducation, d’explication. La moitié des problèmes d’inondation, la moitié des problèmes de dégradation des ouvrages sont liées aux actes posés par les populations. Elles transforment nos regards en poubelles, des bassins en poubelles et dégradent les ouvrages. Mais il y a pire, certains volent les regards, les transforment en cendre. Je pense que le mal est beaucoup plus profond que ça. Cette situation met en évidence la relation que nous avons avec le bien public, un bien public, étant un bien qui appartient à tout le monde. Ce n’est pas un bien qui appartient à une personne. A ce niveau, je crois qu’il faut redoubler de vigilance, d’explication et d’éducation. Pour ce qui est de l’éducation, elle commence à la maison d’abord. Quand les fondements ne sont pas mis en œuvre, quand ils ne sont pas compris dans les foyers, ils ne peuvent pas être compris dehors. Et je crois que c’est à ce niveau qu’il faudrait qu’on travaille on peu plus afin que la nouvelle génération comprenne un peu plus quelles sont différents enjeux, pourquoi un bien public doit être bien préservé ?