Le conflit qui déchire la Libye avait contraint les autorités à bloquer la production de pétrole il y a environ six mois. Mais aujourd’hui, la tendance est toute autre. En effet, la Compagnie libyenne nationale de pétrole (NOC) a annoncé vendredi 10 juillet 2020 la reprise de la production et des exportations de pétrole dans le pays.
Rappelons que la Libye, qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique, est déchirée par un conflit entre deux pouvoirs rivaux : le Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU et basé à Tripoli et le maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l’Est et une partie du Sud.
Aidés militairement par Ankara, les pro-GNA ont engrangé d’importantes victoires ces derniers mois prenant le contrôle de l’ensemble du nord-ouest et chassant les pro-Haftar qui menaient depuis avril 2019 une offensive pour prendre la capitale Tripoli.
Le maréchal Haftar -soutenu lui par l’Egypte, les Emirats arabes unis et la Russie- garde toutefois le contrôle de la majorité des installations pétrolières.
Les pro-Haftar bloquaient depuis le 17 janvier 2020, la production et les exportations du pétrole sur les champs et terminaux les plus importants du pays, pour réclamer, selon eux, une répartition équitable des revenus du pétrole gérés par le GNA.
Un premier navire devait commencer en journée à charger le brut du port pétrolier al-Sedra (est), a indiqué dans un communiqué la NOC.
Mais la production prendra du temps pour atteindre ses niveaux d’avant le blocage -environ 1,2 million de barils par jour- « en raison des dommages importants causés aux réservoirs et infrastructures par le blocus illégal imposé depuis le 17 janvier », selon elle.
La compagnie a également annoncé « la levée de la force majeure sur les exportations » en Libye. Cette mesure, invoquée dans des circonstances exceptionnelles, permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.
Officiellement, la NOC est une entité neutre et indépendante, mais le camp Haftar l’accuse de financer les « milices du GNA ».
Toutefois, le blocage de la production et de l’exportation de pétrole des champs et terminaux de Libye par les groupes fidèles au maréchal Khalifa Haftar continuera. C’est ce qu’a indiqué le commandement de ces forces dans un communiqué le 12 juillet 2020, exigeant une répartition plus équitable des revenus pétroliers dans le pays en guerre.
Dimanche 12 juillet 2020, la société publique libyenne du pétrole (NOC) a annoncé que les activités d’exportation de pétrole ont de nouveau été suspendues. Elle accuse ainsi les Emirats Arabes Unis (EAU) d’avoir donné l’ordre aux forces du maréchal Khalifa Haftar de réimposer un blocus sur les exportations de pétrole.
« Nous avons été informés que les instructions pour arrêter la production ont été données à l’armée nationale libyenne (LNA) par les Emirats Arabes Unis », a déclaré la NOC dans un communiqué. Elle ajoute que le port d’Es Sider est actuellement occupé par des mercenaires russes et syriens qui appuient la LNA et le gouvernement de l’Est.
Moctar FICOU / VivAfrik