Cheikh Tidiane Wade, Enseignant-chercheur au Département de Géographie ; U.F.R. Sciences et Technologies de l’Université Assane Seck de Ziguinchor s’est employé, sur sa page Facebook, puis lors de son entretien avec VivAfrik, à livrer quelques définitions du Littoral.
En effet, explique-t-il, les régions littorales suscitent de plus en plus d’intérêt chez les scientifiques. Il existe autant de définitions que d’auteurs, depuis celles que donne l’Académie jusqu’à des définitions fournies par les géographes eux-mêmes. Il est assez clair que tout dépend en fait de l’usage que l’on entend faire de ce même littoral. L’abondante littérature qui lui a été consacrée (rive, rivage, côte, bande de terre…) nous conduit nécessairement à en évoquer quelques aspects.
Le Géographe renchérit que, du côté des scientifiques, les géographes se sont depuis longtemps intéressés aux littoraux et fournissent de nombreuses ressources théoriques utiles à leur compréhension (Bille, 2004). Selon cet auteur, chez Miossec (1998), « le littoral doit être distingué du trait de côte », trop restrictif et qui se rapproche de la notion de « ligne de rivage » que Paskoff (1994) définit par ailleurs comme « l’intersection de la lithosphère avec l’hydrosphère marine ». Bille (2004) explique que la notion d’interface entre terre et mer est centrale, mais qu’elle doit être prise dans un sens assez large, ceci d’autant plus que cette interface est changeante. Au sens strict de la géomorphologie, le littoral se réduit à l’estran. Selon Nonn (1974), il faut élargir la définition géomorphologique de l’espace littoral à « ce qui soit au-dessus, soit au-dessous du niveau moyen de la mer, et est soumis à l’action des forces responsables du tracé de la côte et de ses changements ». Chez Diaw (1999), le littoral peut être défini selon des critères physique et humain. D’un point de vue physique, le littoral est une zone de contact entre l’hydrosphère, l’atmosphère et la lithosphère.
Défini du point de vue humain, le littoral est un milieu de fréquentations et d’activités spécifiques, un lieu de rencontre de flux économiques et humains. Dans le dictionnaire le Robert le littoral est « ce qui appartient, qui est relatif à la zone de contact entre la terre et la mer » et, reprenant une définition d’Emmanuel De Martonne qui n’est pas sans intérêt épistémologique il est précisé que « le domaine des formes littorales n’est pas seulement la ligne idéale qui sépare, sur les atlas et les cartes à petite échelle, la terre ferme de la mer. Sur le terrain, il apparaît clairement que le domaine littoral comprend tout ce qui, soit au-dessous, soit au-dessus du niveau moyen des eaux, est soumis à l’action des forces responsables du tracé de la côte et de ses changements… La ligne de rivage est déterminée par le relief particulier de la zone littorale ». L’intérêt est, outre le fait que chez De Martonne selon la bonne logique de l’époque, la géographie physique était d’abord celle des formes de relief, le savant utilise les notions de zone et de domaine qui tendent à élargir le champ de la définition. Selon le dictionnaire thématique histoire, géographie (1991) le littoral, au sens strict, est une bande de terre plus ou moins étroite comprise entre le niveau des plus hautes mers et celui des plus basses mers. Plus largement, l’espace littoral correspond au domaine terrestre directement soumis aux actions marines, autrement dit le rivage, a conclu M. Wade.
Moctar FICOU / VivAfrik