Lettre ouverte à son excellence monsieur le président Macky Sall : quel plan de riposte agricole face au coronavirus ?

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Par Ibrahim Serge Malou

« Une crise alimentaire sans précédent guette la planète. Trois organisations internationales, à savoir l’ONU, l’OMC et la FAO en sont convaincues. Elles affirment que les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l’exportation », provoquant elle-même « une pénurie sur le marché mondial ». Ainsi, il est primordial de répondre à cette question : notre pays est-il assez préparé pour faire face à une pénurie alimentaire sur le marché mondial ?                  

La pandémie de Covid 19 a frappé le monde à un moment où il s’y attendait le moins. Le Sénégal n’est pas épargné par ses conséquences à l’instar des autres pays du globe. Au moment où l’Europe parle d’un second plan Marshall, l’état a décidé de prendre une batterie de mesures dont la plus populaire est la création d’un fonds dénommé force Covid 19 qui, à terme, doit mobiliser 1000 milliards de FCFA, c’est-à-dire le quart du budget de notre pays. C’est inédit.

Aucun président de la république n’a jamais promis de faire autant de sacrifices pour venir en aide à ses populations aux abois qui ont vu leurs activités s’arrêter du jour au lendemain.

Par ailleurs, je tiens à rappeler que, depuis votre premier mandat, excellence monsieur le président, l’agriculture sénégalaise a toujours et beaucoup bénéficié de votre appui. Ce qui a valu à ce secteur d’obtenir des records lors de ces 5 dernières années, d’ailleurs salués et magnifiés partout.

Toutefois, personne ne sait jusqu’où ce virus sournois va nous mener, au moment où le confinement total est de plus en plus évoqué pour contenir les transmissions communautaires. Donc, dans un avenir proche, le principal défi que doivent relever les pouvoirs publics est de s’assurer que, le cas échéant, notre pays ne soit pas confronté à une pénurie alimentaire.   

Certes, l’état du Sénégal a dépensé beaucoup d’argent pour soutenir l’agriculture, néanmoins, il reste à parachever l’autosuffisance alimentaire. En outre, il faut souligner que le secteur agricole va subir les conséquences de la crise causée par le coronavirus :

– arrêt de l’activité de la plupart des producteurs

– perturbation de la chaine de valeur

– baisse des productions agricoles destinées à l’exportation

L’importation des intrants agricoles va poser aussi problème. Donc, avec la fermeture des frontières, il est devenu quasi impossible, pour les opérateurs locaux, de s’approvisionner sur le marché international. Les pays les plus touchés par la pandémie font partie des plus grands producteurs de ces produits de base.

Alors que l’agriculture sénégalaise souffrait déjà :

1. des pauses et retards pluviométriques dus aux dérèglements climatiques;

2.  manque de moyens financiers et logistiques des agriculteurs

3.  les produits importés préférés aux produits locaux

4. des terres incultivables à cause des mauvaises pratiques culturales

5. conséquences des activités extractives sur les zones rurales (environnement, écosystème)

6. les pertes post-récolte

Quel plan de riposte agricole face à cette crise ?

D’autant plus que 70% de la population active vivent dans le monde rural et que l’agriculture sénégalaise représente 17% du Pib, c’est le secteur qui crée le plus grand nombre d’emplois.

Donc, il urge de regrouper tous les acteurs du monde agricole, producteurs, opérateurs, pt, tous les démembrements du ministère de l’agriculture et de l’équipement rural afin de pondre un document stratégique de résilience agricole, consensuel et inclusif, dans les meilleurs délais.

Ibrahim Serge Malou

Directeur du financement et du partenariat avec les organisations au ministère de l’agriculture et de l’équipement rural

Responsable APR

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