Le Programme alimentaire mondial (PAM) va doubler son aide au Zimbabwe. C’est ce qu’a indiqué cette semaine, l’institution onusienne dans un communiqué publié sur son site internet. Plus de 4,1 millions de personnes devraient bénéficier d’une aide alimentaire, d’ici le mois de janvier 2020. Pour ce faire, l’agence onusienne compte sur de nouveaux financements des donateurs, alors que les besoins sont de plus en plus croissants. « Nous sommes plongés dans un cercle vicieux de malnutrition galopante qui frappe le plus durement les femmes et les enfants et qu’il sera difficile de briser […] Avec les mauvaises pluies prévues à l’approche de la récolte principale en avril, l’ampleur de la faim dans le pays va s’aggraver avant de s’améliorer », a indiqué David Beasley, directeur exécutif de l’institution. Alors que le pays est englué dans une crise économique qui dure depuis plusieurs années, les catastrophes climatiques qui frappent de nombreux pays d’Afrique australe ont augmenté les difficultés sociales dans l’un des pays les plus pauvres de la planète. Pour rappel, il y a quelques mois, le Zimbabwe était frappé par les cyclones Idai et Kenneth qui ont affecté des millions de personnes également au Malawi et au Mozambique. D’après le PAM, plus de la moitié des 14 millions de Zimbabwéens souffrent de la faim, relate agenceecofin.com.
L’afflux massif de réfugiés climatiques dans les pays du Nord est un mythe
Le risque de migrations massives de personnes désertant des régions sinistrées par les changements climatiques est souvent brandi pour alerter sur l’urgence climatique et justifier des mesures de sécurisation des frontières contre l’immigration. Et pourtant, un article publié dans Nature, leurs auteurs dénoncent le mythe autour de l’ampleur des migrations climatiques. On affirme souvent que l’accentuation du changement climatique anthropique sera un facteur majeur d’une migration de masse des populations du Sud vers le Nord. Mais, contrairement aux idées reçues et aux images catastrophistes véhiculées par les médias, les aléas environnementaux ne débouchent que très rarement sur des migrations de masses. L’image de futurs « réfugiés climatiques » qui constitueraient un risque de sécurité pour l’Europe est donc simplificatrice et problématique car elle accentue la peur de migrations incontrôlables. Ainsi, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques spécifie explicitement la nécessité d’éviter, de minimiser et de traiter les déplacements climatiques, tandis que le Conseil de sécurité des Nations Unies met en garde contre les migrations climatiques de grande ampleur, qui risquent d’aggraver les conflits. Et pourtant, selon l’article rédigé par Etienne Piguet et Suzy Blondin de l’Institut de géographie de l’Université de Neuchâtel (Suisse) ainsi que par 20 autres spécialistes des migrations et changements environnementaux, ce risque de crise sécuritaire imminente est « sans fondement scientifique empirique » et la politique migratoire repose sur de « faibles preuves scientifiques qui renforcent ce mythe en perpétuel renouvellement » : celui que les migrations massives liées au changement climatique représente une crise sécuritaire imminente, renseigne notre-planete.info.
« On ne sait pas toujours dans quelle mesure le cyclone peut être attribué au changement climatique »
En effet, selon l’article, le changement climatique n’est pas un élément déclencheur de migration massive mais contribue à renforcer celles qui existent déjà. « Il existe déjà de nombreuses preuves que la migration n’est pas uniquement motivée par le changement climatique. Il est plutôt influencé par une combinaison de facteurs climatiques, socio-économiques, culturels et politiques ». Et « même lorsque le changement climatique a un rôle à jouer, il reste difficile de déterminer l’étendue de son influence. Par exemple, lorsque les personnes doivent se déplacer en cas de cyclone, on ne sait pas toujours dans quelle mesure le cyclone peut être attribué au changement climatique. » Autre écueil : les raisons qui poussent les personnes à se déplacer lors d’évènements météorologiques dévastateurs sont complexes et variées. Certaines personnes vont fuir temporairement ou de manière permanente et plutôt localement (vers une zone urbaine proche) que dans un autre pays. En outre, certaines personnes n’ont pas les moyens de se déplacer ou la volonté malgré l’importance du risque pour leur propre bien-être. La présence ou non de systèmes de prévention et d’atténuation joue également. « Au lieu de demander si le changement climatique entraîne de la mobilité humaine, la recherche devrait déterminer si et dans quelle mesure le changement climatique modifiera les interconnexions et les schémas de mobilité humaine déjà existants selon différents scénarios de réchauffement de la planète et de politiques d’atténuation et d’adaptation, et comment ceux-ci sont à leur tour façonnés par les mobilités existantes », ajoute la même source.
Moctar FICOU / VivAfrik