Développement Durable & Dette Soutenable : Et si l’Afrique s’Autofinançait ?

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Par Cheikh Oumar Dieng

Le Sénégal accueille ce Lundi 02 Décembre une Conférence internationale organisée par le FMI et le gouvernement sur le thème : Développement durable et Dette soutenable – Trouver le juste équilibre- Ce sera l’occasion pour les gouvernements participants de se pencher sur les obstacles au développement durable et d’y apporter des solutions pour les lever.

Existe-t-il d’autres alternatives à la dette? Voilà plusieurs décennies que prospère le principe de développement par l’endettement et le Tiers Monde, notamment les pays africains, peinent encore à se développer, et pire encore, sont prisonniers du système du « développement aidé ». Aujourd’hui et plus que jamais, l’affranchissement du fardeau de la dette demeure une étape nécessaire sur la voie du développement. Et elle commence par notre propre prise en charge par la mobilisation de nos ressources internes au maximum tout en minimisant le service de la dette et progressivement s’en départir. La route est longue, mais ce n’est pas impossible.

Lors de la 9 eme conférence conjointe des ministres de la CUA-CEA 1 (Commission de l’Union Africaine – Commission Économique des Nations-Unies pour l’Afrique) à Addis-Abeba en 2016, les protagonistes ont souligné l’importance de la mobilisation de ressources internes qui devrait être la principale stratégie de financement du développement durable en Afrique, et surtout garantirait un apport de fonds plus fiable pour les différents programmes de transformation de notre continent.

Dans son essai critique intitulé « Et si le Tiers Monde s’autofinançait? De l’endettement à l’épargne. » Jacques B. Gélinas 2, Sociologue de renom déclare : « Le Tiers Monde se trouve acculé, qu’on le veuille ou non, à l’autodéveloppement et à l’autofinancement. Et il n’y a aucune raison de croire qu’il en soit incapable. »

Dette et Ressources internes, au Sénégal : En 2012, l’encours de la dette a connu une hausse de 3076 Milliards de FCFA. Le déficit budgétaire atteignait le cap de 7,4% du PIB. Rapporté aux recettes budgétaires, le service de la dette totale était de 46,8% en 2012, alors qu’il se situe à 33,7% en 2017.

Les études sur la viabilité de la dette du Sénégal prévoyaient un taux d’endettement de 61,4% en fin 2018 alors que le plafond d’endettement admis dans l’espace UEMOA est de 70% du PIB. Présentement, des travaux de réévaluation du PIB sont en cours et devraient consacrer une hausse de celui-ci. Cela voudrait dire que le taux d’endettement réel du Sénégal devrait se situer entre 45% et 47% du PIB, loin de la norme UEMOA.

Dans le Programme Sénégal Émergent (PSE) du Président Macky Sall, le Plan d’Action Prioritaire (PAP) consacrait 2714 milliards de CFA en ressources internes de l’état sur un coût global de 3800 milliards de CFA, soit 56% (pour 2016-2018) – Et dans le cadre du PAP 2019-2023 il est prévu en moyenne 25% en dépenses d’investissements sur ressources internes (Agrégats macroéconomiques 2019-2023). Des efforts considérables seront ainsi accomplis; ce qui démontre une ferme volonté du Sénégal de compter sur ses propres ressources internes pour financer son développement.

1 https://www.uneca.org/fr

2 GÉLINAS, J. B. Et si le Tiers Monde s’autofinançait. De l’endettement à l’épargne, Éditions Ecosociété, Montréal, 1994, 238 p

3 http://www.finances.gouv.sn/

Nouvelles sources de financement viables :

Épargne intérieure et Ressources Pétrolières

Dans son adresse à la nation du 3 Avril, son Excellence le Président Macky Sall déclarait : « Le financement du développement intègre deux aspects primordiaux : la mobilisation en priorité des ressources internes et le recours ultime aux ressources extérieures, en veillant à la viabilité et la soutenabilité de la dette ». Ce recours ultime aux ressources extérieures et à long terme, ne compter que sur nos propres ressources ; voilà l’objectif à atteindre pour tous les pays africains, seul gage de croissance harmonieuse et d’émergence.

Comme le suggère Gélinas dans son livre cité plus haut, nous pensons qu’il faut aller plus loin en mobilisant l’épargne intérieure qu’il considère abondante dans les pays du Tiers Monde et qui est inexploitée. Et qu’il faut l’investir sur place, dans des activités productives (comme l’agriculture vivrière), pour amorcer l’autodeveloppement. Il encourage également l’initiative privée, moteur d’un nouveau dynamisme et qui marque le retour aux valeurs fondatrices de l’Économie libérale.

Les récentes découvertes de pétrole, de gaz et d’autres minerais, aussi bien au Sénégal que dans les autres pays d’Afrique, offrent de nouvelles sources de financement viables permettant le développement de nos pays par leurs ressources endogènes. La bonne gestion de ces ressources et dans un cadre commun de concertation et d’échanges, ainsi que la réussite des programmes de contenu local dans les secteurs du pétrole et du gaz, permettront de bâtir notre continent de manière durable. On peut ainsi espérer de lendemains meilleurs non seulement pour le Sénégal, mais pour l’Afrique entière, grâce à ce nouveau paradigme de développement.

Cheikh Oumar Dieng

APR, Sherbrooke (DSE Canada)

Contact : chodieng@gmail.com

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