Afrique : Le solaire pour faire briller le continent

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Par Boris Kharl Ebaka

L’accès à l’électricité en Afrique est un enjeu déterminant pour elle, pris en compte par l’Organisation des Nations unies dans son septième Objectif de développement durable : « Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable ».

La consommation d’électricité par habitant de l’Afrique est seulement à 18,5 % de la moyenne mondiale. La production d’électricité sur le continent repose surtout sur les combustibles fossiles : 80,5 %; les énergies renouvelables ne contribuent que pour 17,7 %, dont l’hydroélectricité apporte l’essentiel, soit près de 15 %. Comme on peut le constater, les ressources sont considérables mais encore peu exploitées, du fait principalement de la difficulté à réunir les financements nécessaires.

Or, l’Afrique verra sa population doubler en trente ans pour atteindre 2,5 milliards d’habitants en 2050. Le rythme actuel de mise en service de nouvelles capacités de production d’électricité sur le continent est inférieur à la croissance démographique. Par conséquent, le nombre de personnes dépourvues d’accès à l’électricité (six cent quarante-cinq millions d’Africains) continuera mécaniquement d’augmenter au moins jusqu’en 2025 voire 2040. La solution pour l’Afrique face à ce problème passe donc par le développement de l’énergie solaire.

L’électricité produite à partir d’énergie solaire photovoltaïque représente une solution prometteuse, grâce à sa compétitivité tout d’abord, mais aussi à sa simplicité de fonctionnement qui va de pair avec une grande rapidité de construction. Le continent africain bénéficie d’un ensoleillement privilégié. Le solaire photovoltaïque s’adapte à toutes les réalités du terrain : du kit solaire équipant un foyer isolé, jusqu’à la gigantesque ferme solaire alimentant des villes entières.

Enfin, il peut fonctionner hors réseau, et donc alimenter immédiatement la population rurale isolée sans attendre le déploiement souvent long et coûteux des réseaux de transport et de distribution d’électricité. La demande d’électricité est en forte croissance dans les villes, où la densité de population, la vie en habitat collectif et la consommation d’électricité par habitant plus importante, ne permettent pas à des kits solaires de couvrir en totalité les besoins.

Le Rwanda, par exemple, a pris depuis plusieurs années, l’option de développer l’énergie solaire afin de diversifier son mix énergétique et atteindre un taux d’électrification du territoire de 70% dans les prochaines années, contre près de 30% aujourd’hui. Pour y arriver, ce pays s’est doté du premier champ solaire à grande échelle en Afrique de l’est, avec 8,5 mégawatts de puissance à son apogée, soit 4% de l’énergie totale du pays. Ce projet a apporté l’électricité à plus de quinze mille foyers. Il s’agit aussi du premier parc solaire à grande échelle d’Afrique de l’est composé de vingt-huit mille panneaux repartis sur vingt-et-un hectares.

Grâce à sa volonté d’investir dans les énergies renouvelables, le Rwanda entend desservir aussi la région. En 2021, le pays aura une capacité de production d’énergie suffisante qui va lui permettre d’exporter de l’électricité à un plus large éventail de pays voisins, dans le cadre d’un effort transfrontalier pour répondre à la demande énergétique régionale. Endiguer la hausse globale des émissions de CO2 nécessite que la satisfaction d’une demande d’électricité africaine en forte croissance et l’accès à l’électricité des six cent cinquante millions d’Africains qui en sont aujourd’hui dépourvus, soient menés à bien par des technologies décarbonées.

Les réponses aux défis climatique et démographique du continent africain, sans doute les plus importants du XXIe siècle, ont un dénominateur commun : le déploiement rapide, à très grande échelle, d’une électricité propre et économiquement accessible.

L’énergie solaire est aujourd’hui le principal vecteur à notre disposition à pouvoir remplir toutes ces conditions en Afrique. La levée des freins identifiés est le pré-requis indispensable pour que cette énergie puisse enfin apporter une contribution à la hauteur de son immense potentiel.

Boris Kharl Ebaka, Journaliste consultant en communication & entrepreneur

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