Contrairement au délai précédent avancé par les premières études, le Peterson Institute for International Economics qui se base sur ses calculs, affirme que la forêt Amazonienne ne sera plus capable de produire sa propre pluie d’ici à deux ans. A l’origine de cette catastrophe, le think tank indexe l’impact des actions du président brésilien, Jair Bolsonaro.
De l’avis d’un économiste réputé, la déforestation croissante, conjuguée aux politiques destructrices du président d’extrême droite brésilien pourrait pousser la forêt amazonienne à un danger extrême, atteignant un point de rupture irréversible d’ici à deux ans. Cette situation se traduit sur le terrain par une baisse du nombre d’arbres dans la forêt, ce qui entraînerait une baisse des pluies et irrémédiablement, une situation de sécheresse.
Pour sa part, dans une note publiée mercredi 23 octobre 2019, la chargée de recherche au Peterson Institute For Economics, un think tank privé basé à Washington, Monica de Bolle qualifie l’Amazonie à une « une bombe de carbone ». Selon ses prévisions, le maintien du taux actuel de déforestation pourrait mener la forêt amazonienne à un point de bascule. Et cela en moins deux ans, un délai bien plus court que celui avancé par les précédentes études.
A ce propos, Mme de Bolle alerte sur les conséquences si cette limite venait à être franchie. « Une fois cette limite franchie, l’Amazonie ne serait plus capable de déclencher sa propre pluie. Ce qu’elle fait depuis des millénaires grâce à la transpiration des plantes et à l’évaporation, quasiment deux mois avant le début de la saison des moussons dans le reste du monde. Une baisse du nombre d’arbres entraînerait une baisse des pluies et irrémédiablement l’Amazonie ferait face à la sécheresse. Un enjeu de taille puisqu’elle stocke à elle seule 60 à 80 milliards de tonnes de carbone ».
Poursuivant son speech dans sa note politique, Monica de Bolle indique que la forêt cesserait de produire suffisamment de pluie. « Après ce moment, la forêt pluviale cesserait de produire suffisamment de pluie pour se maintenir et commencerait à se dégrader lentement dans une savane plus sèche, libérant des milliards de tonnes de carbone dans l’atmosphère, ce qui exacerberait le réchauffement climatique et perturberait les conditions météorologiques en Amérique du Sud.
Mais Le rapport a suscité la controverse parmi les climatologues. Certains pensent que le point de basculement sera encore dans 15 ou 20 ans, tandis que d’autres disent que l’avertissement reflète avec précision le danger que Bolsonaro et le réchauffement de la planète posent à la survie de l’Amazone. «C’est un titre, alors, comme tout stock, vous le réduisez, puis vous n’en avez plus du tout», a déclaré de Bolle, qui a également recommandé dans son mémoire des solutions à la crise actuelle.
Le problème le plus préoccupant reste les incendies. « Mettre le feu à la forêt pour déforester pourrait libérer jusqu’à 200 millions de tonnes de carbone dans l’atmosphère par an, ce qui accélérerait le réchauffement climatique », a-t-elle alerté. En Amazonie, ces feux sont majoritairement provoqués par les agriculteurs et propriétaires de bétails afin de fertiliser la terre. Mais en période de sécheresse et sous l’action du vent, ils deviennent difficilement contrôlables, comme ce fut le cas fin août.
Preuve en est pour Monica de Bolle les données publiées par l’Institut national de recherche spatiale brésilien (INPE). En août 2019, l’INPE a ainsi estimé que la déforestation était 222 % plus élevée que l’année précédente. Début octobre, l’INPE avait par ailleurs estimé que sur les neuf premiers mois de l’année, 7.853 km² de forêt ont été dévastés, contre 4.075 km² en 2018 sur la même période. C’est en se basant sur ces données, et en considérant que le taux actuel de déforestation se maintenait que Monica de Bolle est parvenue à fixer la date de 2021 comme le moment de bascule.
Pour rappel, Bolsonaro s’est engagé à développer l’Amazonie et son gouvernement prévoit d’autoriser l’exploitation minière dans des réserves indigènes protégées. Les agriculteurs d’Amazon soutiennent ses attaques contre les agences de protection de l’environnement. Son ministre de l’Environnement favorable aux entreprises, Ricardo Salles, a rencontré des bûcherons et des mineurs sauvages, tandis que la déforestation et les incendies d’Amazon ont pris de l’ampleur depuis son entrée en fonction en janvier.
Moctar FICOU / VivAfrik