New Delhi (Inde) accueille la conférence sur la désertification

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Du 2 au 13 septembre 2019, se déroule à New Delhi, la capitale indienne la Conférence des Parties de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Plusieurs milliers de personnes participent à ce rendez-vous qui vise à faire le bilan de la lutte contre la désertification et à adopter de nouvelles décisions. La 14ème COP sur la lutte contre la désertification rassemble, selon les organisateurs, « près de 100 ministres et plus de 3 000 délégués de 196 pays ». Malgré son faible écho dans les médias, les enjeux climatiques sont déterminants.

Les défis de cette rencontre planétaire sont énormes, mais sur le terrain, ils ont donné lieu à une mobilisation importante. « La lutte contre la désertification a connu des avancées significatives. Je dois dire qu’au niveau communautaire, nous avons plus que jamais un engagement fort des populations à prendre en charge la question de la lutte contre la désertification », a résumé Sylvestre Tiemtoré, Coordonnateur du Secrétariat permanent des ONG (SPONG) du Burkina Faso.

Rappelons que la COP sur la désertification est la dernière des trois créée en même temps que les deux autres : la plus connue est consacrée au changement climatique et la seconde à la biodiversité. Toutes les trois ont été créées en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Adoptée en 1994 et entrée en vigueur en 1996, la COP de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD) a commencé à se réunir en 1997. Elle se tient désormais tous les deux ans depuis 2001.

Les sujets abordés sont entre autres l’interaction entre le climat et les terres, l’optimisation de la diversité alimentaire, la demande en énergie des terres, le lien entre les activités rurales et urbaines, l’effet négatif de la dégradation des terres sur la pauvreté et la santé humaine.      

La Conférence, qui se réunit tous les deux ans, devrait déboucher sur une trentaine de décisions. L’enjeu est essentiel. Pratiquement la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans des zones touchées par la pénurie d’eau. En parallèle, l’urbanisation prend le dessus sur les terres agricoles.             

En un mot, la 14ème COP tente de sensibiliser aux solutions et à la nécessité de réhabiliter les terres. Parmi les mesures urgentes à mettre en place il y a le fait de prévenir l’érosion des sols, gérer les ressources en eau, améliorer la gestion des pâturages, des forêts et du bétail, reboiser les forêts… La Convention, pour qui « la désertification est à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté », affirme que « toute stratégie efficace doit lutter contre la pauvreté ».  L’Inde, qui préside la CNULD pendant deux ans, a déjà annoncé la réhabilitation de 5 millions d’hectares de terres d’ici à 2030 (soit 50 000 km², l’équivalent de la région Bourgogne-Franche-Comté).                                        

Deux milliards d’hectares de terres dégradées

Deux milliards d’hectares de terres, soit deux fois la taille de la Chine, sont dégradés aujourd’hui. Mais ils peuvent encore être restaurés. Suffisant pour la Convention d’estimer que « la restauration des terres à grande échelle créera des emplois et des opportunités pour les jeunes issus de zones rurales, mais aussi pour les personnes qui abandonnent leurs terres ».

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) donne plus de détails et révèle que : sur les quelques 130 millions de km² de terres émergées et dénuées de glace, un quart est dégradé par leur exploitation. L’impact sur la population est direct. Selon la CNULD, plus de trois milliards de personnes sont aujourd’hui affectées par la dégradation des terres. Les experts du GIEC affirment qu’environ 500 millions de personnes vivent déjà dans des zones en cours de désertification. Parmi les conséquences, il y a évidemment les migrations que cela entraîne. La CNULD précise que « 135 millions de personnes, soit l’équivalent de la population combinée de l’Allemagne et de la France, risquent d’être déplacées du fait de la désertification ».

« 135 millions de personnes, soit l’équivalent de la population combinée de l’Allemagne et de la France, risquent d’être déplacées du fait de la désertification. Environ 60 millions de personnes devraient quitter les zones désertifiées de l’Afrique subsaharienne pour l’Afrique du Nord et l’Europe au cours des 20 prochaines années. Chaque année, entre 700 000 et 900 000 Mexicains quittent leurs zones rurales arides pour gagner leur vie en tant que travailleurs migrants aux États-Unis. La moitié des 50 conflits armés de 1994 avaient des facteurs de causalité environnementaux caractéristiques des terres arides », indique la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.

Pour sa part, la Commission européenne n’a pas hésité à revoir à la hausse ces données. Le Joint Research Centre (JRC), a estimé que 75% des sols sont dégradés et qu’à ce rythme, 90% le seront en 2050. Le constat est dressé dans l’Atlas mondial de la désertification de la Commission européenne, dont la dernière version date de juin 2018.

Le Moyen-Orient, la zone saharienne et l’Asie du Sud et de l’Est sont les zones les plus touchées par ce phénomène. En outre, affirme la Convention, les deux tiers du continent africain sont des déserts ou des zones arides. Mais les Etats-Unis sont également touchés : plus de 30% des terres sont affectées par la désertification. L’Amérique latine n’est pas épargnée, de même que l’Europe, où un cinquième de l’Espagne est menacée de devenir désertique.

De son côté, le Programme des Nations unies pour l’environnement, pourrait engendrer une perte de 10% du PIB mondial. En 2010, l’ONU a ainsi déclaré la décennie 2010-2020 comme celle de la lutte contre la désertification. La Convention sur la désertification assigne donc un objectif à tous les États de la planète : l’arrêt de la dégradation des sols dès 2030.

Moctar FICOU / VivAfrik

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