Samedi 17 août 2019, a débuté à Genève, la capitale Suisse, la 18e édition de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites). Pendant 12 jours, 56 propositions seront étudiées pour tenter de sauver de nombreuses espèces menacées d’extinction.
Les experts et responsables politiques réunis à Genève pour renforcer les règles du commerce de l’ivoire, des cornes de rhinocéros et d’autres végétaux et animaux menacés de disparition, ont mis en garde contre une extinction d’espèces « sans précédent ».
Pendant 12 jours, des milliers de délégués venus de plus de 180 pays, défenseurs de l’environnement et responsables politiques, vont discuter dans la cité suisse de 56 propositions visant à modifier le degré de protection accordé aux animaux et aux plantes sauvages par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites).
« Au bord du gouffre »
« Continuer comme avant n’est plus une option », a déclaré la secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, au début de la conférence, en prévenant que « le dangereux déclin de la nature est sans précédent ».
Le Cites, créé il y a plus de 40 ans, fixe les règles du commerce international de plus de 35.000 espèces de faune et de flore sauvages. Il dispose également d’un mécanisme qui lui permet d’imposer des sanctions aux pays qui ne respectent pas ces règles.
Ce samedi, un sentiment d’urgence était palpable à la réunion de Genève, qui se tient après la publication récente d’un rapport de l’ONU annonçant qu’un million d’espèces étaient menacées de disparaître. « Ma peur, c’est que nous sommes (…) aujourd’hui réellement au bord du gouffre », a confié à l’AFP avant la conférence Mme Higuero, qui espère que les délégués s’accorderont sur « des changements en profondeur ».
Les ravages causés à de nombreuses espèces par le braconnage et le commerce illégal seront sous le feu des projecteurs pendant la réunion, tout comme les défis posés par la criminalité liée aux espèces sauvages sur internet. « Le sujet du commerce illégal est réellement un énorme problème », a jugé Mme Higuero, soulignant que de puissantes organisations criminelles sont souvent impliquées. Elle a demandé que le trafic d’espèces en danger soit puni beaucoup plus sévèrement, avec des peines similaires au trafic d’êtres humains ou de drogue.
Cette fois encore, la conférence, qui se réunit tous les trois ans, va examiner plusieurs propositions concernant les éléphants d’Afrique. Après des décennies de braconnage qui a fait passer la population d’éléphants de plusieurs millions au milieu du XXe siècle à quelque 400.000 en 2015, le commerce de l’ivoire a été quasiment interdit en 1989.
Plusieurs Etats d’Afrique centrale, occidentale et orientale plaident pour l’inscription des éléphants à l’Annexe I (la plus protectrice) de la Cites, ce qui signifierait l’interdiction totale de toute vente d’ivoire, tandis que plusieurs pays d’Afrique australe, où les populations d’éléphants sont plus importantes et mieux protégées, réclament le droit de vendre des stocks d’ivoire enregistrés leur appartenant, affirmant que cela pourrait satisfaire la demande qui encourage le braconnage.
Les défenseurs des animaux répondent que les expériences précédentes de vente de stocks d’ivoire ont en fait stimulé la demande et encouragé le braconnage, en raison de la difficulté à faire la distinction entre les défenses légalement récoltées et les autres.
Des milliers d’espèces en voie d’extinction
Cette conférence de la Cites se penchera aussi sur l’avenir de nombreuses espèces animales et végétales. Plusieurs milliers d’espèces sont actuellement menacées d’extinction.
De nombreuses espèces de requins sont ainsi sur la sellette. 59 espèces sont listées par la Cites et17 sont menacées d’extinction, comme le grand requin-marteau et le requin-baleine. La surpêche et le braconnage sont les deux principaux facteurs expliquant ce déclin.
Les populations de thon ne se portent pas mieux. En proie à la surpêche, le thon rouge était quasiment éteint en 2010. Cette espèce est aujourd’hui gérée par un organisme international, supervisé par des scientifiques.
L’avenir des rhinocéros blancs sera aussi évoqué. Autrefois largement répandus dans les savanes d’Afrique et forêts tropicales d’Asie, les populations de rhinocéros ont diminué de 80 % au cours des 50 dernières années. Il existe cinq espèces de rhinocéros. Faisant face à une destruction de leur habitat ainsi qu’à un braconnage intense, toutes sont menacées ou quasi-menacées. Plusieurs pays d’Afrique proposent d’inscrire l’animal géant à l’Annexe II de la Cites, ce qui impliquerait l’obligation de tracer et réguler sa vente à l’international. Mais l’approbation de cette mesure reste incertaine pour le moment.
Cette 18e Conférence des Parties de la Cites va, pour la première fois, se pencher sur le cas des girafes, dont les populations ont décliné de quelque 40 % au cours des trois dernières décennies pour tomber à 98.000 individus en Afrique.
L’extinction ne menace cependant pas que les animaux. De nombreuses espèces végétales sont répertoriées par le Cites comme étant en voie d’extinction. C’est le cas du cèdre. Autrefois répandu en Amérique centrale et du sud, il fait l’objet de coupes sélectives depuis 250 ans. Recherché comme bois précieux et utilisé pour la construction de meubles, le cèdre a vu sa population décliner de manière drastique au cours des dernières décennies. Déjà évoqué lors des dernières conférences de la Cites, le cas du cèdre ne manquera pas d’être abordé cette semaine à Genève.
Ces animaux et plantes ne sont qu’une poignée d’espèces exposées au risque d’extinction. D’autres espèces seront aussi abordées au cours de la Conférence, comme le crocodile américain, la loutre, plusieurs espèces de lézards, les raies, et de nombreux arbres et de plantes.
« La Cites fonctionne », a assuré Inger Andersen samedi. « L’avenir de la biodiversité est en jeu », a-t-elle ajouté, pressant les délégués de se saisir de cette « occasion unique de changer de cap ».
Avec lesoir.be