Le récent rapport de la FAO sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, relève que plus de 820 millions de personnes dans le monde, dont 256,1 millions en Afrique ont souffert de la faim en 2018. Depuis près de trois années déjà, la faim ne diminue pas dans le monde. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), estime dans son dernier rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde publié le 15 juillet 2019, que 820 millions de personnes n’ont pas eu assez à manger en 2018, contre 811 millions l’année précédente. Une augmentation constatée pour la troisième année consécutive et qui souligne selon cette organisation, l’immense défi qui reste à relever pour atteindre l’Objectif de développement durable visant la Faim zéro à l’horizon 2030. La situation est particulièrement préoccupante en Afrique, selon cette étude, parce que la région enregistre les taux les plus élevés en matière de la faim dans le monde et ces taux continuent d’augmenter dans presque toutes les sous-régions, quoique lentement. Globalement en 2018, près de 256,1 millions de personnes ont été exposées à la sous-alimentation sur ce continent. Près de 26,6% de cette population se trouve dans la sous-région Afrique-Centrale en particulier, contre 26,4% en 2017. En Afrique de l’Est, près d’un tiers de la population, soit 30,8%, souffre de la sous-alimentation. Outre le climat et les conflits, les ralentissements et fléchissements de l’activité économique sont à l’origine de la hausse. En effet, depuis 2011, près de la moitié des pays où la faim a augmenté en raison d’un ralentissement ou d’une stagnation de l’économie se trouvent en Afrique, renseigne agencecamerounpresse.com.
Une transformation structurelle favorable aux pauvres et inclusive
Cependant, on note que la plupart des personnes sous-alimentées, plus de 500 millions vivent en Asie, principalement dans les pays du sud de l’Asie. L’Afrique et l’Asie portent à elles seules la plus grande charge de toutes les formes de malnutrition, car elles comptent plus de neuf enfants sur dix présentant un retard de croissance et plus de neuf enfants sur dix souffrant de l’émaciation dans le monde. En Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, un enfant sur trois présente un retard de croissance. « Nous devons encourager une transformation structurelle favorable aux pauvres et inclusive, qui soit axée sur les personnes et qui place les communautés au centre des préoccupations, pour réduire les vulnérabilités économiques et être en mesure de poursuivre comme prévu notre objectif: éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes ses formes », ont déclaré les dirigeants des Nations Unies sur le site de la Fao. Cette année, le rapport a examiné un nouvel indicateur aux fins de la mesure de l’insécurité alimentaire à différents niveaux de gravité et du suivi des progrès en matière de l’ODD 2, ajoute le site.
« Sans sécurité alimentaire, nous n’aurons jamais de paix et de stabilité »
Une des principales raisons de l’augmentation de la faim dans le monde sont les conflits. David Beasley précise d’ailleurs que « sans sécurité alimentaire, nous n’aurons jamais de paix et de stabilité », sachant que la faim est utilisée dans le jeu de pouvoir des différents groupes armés. Le rapport a été rédigé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture avec le concours du Fonds international pour le développement de l’agriculture, l’Unicef, le PAM et l’OMS. Il révèle que 20% de la population africaine est concernée par la sous-alimentation. Viennent ensuite l’Asie avec 11% et l’Amérique latine et les Caraïbes avec moins de 7%. Si on s’attarde sur les chiffres, 676 millions d’Africains sont en état d’insécurité alimentaire, c’est-à-dire qu’ils ne disposent pas d’une nourriture saine et équilibrée. La situation est particulièrement gravissime en Afrique de l’Est, puisqu’une personne sur trois souffre de malnutrition. On compte trois facteurs responsables de cette famine : le dérèglement climatique, les conflits et les crises économiques. Les pays où la faim est la plus présente sont ceux qui dépendent des échanges extérieurs, et non pas les pays les plus pauvres comme on aurait tendance à le penser. En effet, certains pays sont trop spécialisés, et pratiquent la monoculture, les rendant de ce fait extrêmement dépendant aux variations des prix du marché mondial. Le point de départ de cette famine croissante est constamment soumis au débat par les acteurs internationaux. Là où l’ONU pointe du doigt l’abandon des politiques sociales par les pays développés, les ONG dénoncent quant à elles la mondialisation, indique pour sa part larevuedestransitions.fr.
Moctar FICOU / VivAfrik