Le Mozambique encore ravagé par le cyclone Kenneth

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A peine un mois après le passage dévastateur et meurtrier de vents d’une extrême violence associés à des pluies torrentielles (cyclone Idai) en Afrique australe, le Mozambique est de nouveau balayé, jeudi 25 avril 2019, par le cyclone Kenneth avec à la clef un mort, selon un premier bilan. Le cyclone Kenneth, un ouragan de catégorie 4 est qualifié d’être le cyclone le violent.  

Une personne a été tuée par la chute d’un cocotier à Pemba, la principale ville du nord et capitale de la province du Cabo Delgado, a rapporté vendredi 26 avril Antonio Beleza, de l’Institut mozambicain de gestion des situations d’urgence (INGC). Sur l‘île d’Ibo, où vivent quelque 6.000 habitants, 90% des maisons ont été détruites, a précisé M. Beleza.

En prévision de l’arrivée du cyclone, les habitants de cette île prisée des touristes se sont notamment réfugiés dans la forteresse d’Ibo, avec des vivres, selon la propriétaire suisse d’un hôtel, Lucie Amr. « Je ne m’attends pas à retrouver mon hôtel entier », a-t-elle ajouté.

« Palma et Mocimboa da Praia ne signalent pas de dégâts importants (…) Quissanga signale des maisons détruites, en particulier celles situées dans les zones hautes. On est sans communication avec Macomia », touché par l’œil du cyclone, a encore dit Antonio Beleza.

225 km/h : plus fortes encore que les vents associés à des pluies torrentielles d’Idai qui ont fait un millier de morts le mois dernier en Afrique australe. Ou que ceux d’Eline en 2000. Des rafales d’une extrême violence générées par le cyclone Kenneth ont balayé le nord du Mozambique ce jeudi soir, arrachant des arbres et des habitations « précaires » sur leur passage et provoquant des coupures d’électricité. Au point que les météorologues évoquent le pire cyclone de l’histoire du Mozambique. Selon un tout premier bilan, au moins un mort et d’importants dégâts sont à déplorer. Sur l’île d’Ibo, où vivent quelque 6.000 habitants, 90% des maisons ont été détruites.

« Au moment de l’impact, Kenneth était un violent et dangereux cyclone tropical intense, générant des vents moyens estimés à 200 km/h et associés à des rafales de 280 km/h », détaille notamment Cycloneoi.com, spécialisé sur les cyclones tropicaux. Les prévisionnistes de Météo-France ont quant à eux averti que des vagues de cinq mètres de haut étaient susceptibles d’atteindre les côtes de l’extrême-nord du pays.

Deux cyclones en l’espace d’un mois et demi

Des pluies sont prévues pour les trois prochains jours dans la région. Les Nations unies craignent des inondations et des glissements de terrain dans toute cette province de Cabo Delgado, à la frontière avec la Tanzanie et théâtre depuis 2017 d’une insurrection islamiste que les autorités ne parviennent pas à contrôler.

C’est la deuxième fois en l’espace d’un mois et demi que le Mozambique est frappé par un cyclone. Mi-mars, Idai avait noyé Beira (centre), la deuxième ville du pays, puis poursuivi sa route meurtrière vers l’ouest et le Zimbabwe voisin.

Son passage avait fait plus d’un millier de morts et des centaines de milliers de sans-abris dans ces deux pays. La région frappée par Kenneth est nettement moins peuplée.

Avant d’atteindre le continent africain, le cyclone est passé mercredi soir au large du petit archipel des Comores, où il a fait au moins trois morts et d’importants dégâts, selon les autorités.

700.000 personnes menacées

Les Nations unies craignent des inondations et des glissements de terrain dans la province de Cabo Delgado, à la frontière avec la Tanzanie, où de fortes précipitations s’abattent depuis mercredi. La tempête devrait rester à l’intérieur des terres mozambicaines pendant plusieurs jours et « devrait entraîner de fortes pluies, avec plus de 600 millimètres de précipitations attendues », soit près du double de ce qui est tombé en dix jours lors du passage d’Idai à Beira, selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM).  Pour rappel, le 14 mars dernier, un cyclone tropical particulièrement violent a noyé cette cité portuaire du centre du Mozambique, puis a poursuivi sa route meurtrière vers l’ouest et le Zimbabwe voisin.

Si près de 700.000 personnes sont désormais menacées par Kenneth selon l’Institut mozambicain de gestion des situations d’urgence (INGC),  la région concernées, de Cabo Delgado dans le nord du pays, n’est pas aussi peuplée que la région autour de Beira et la principale ville côtière, Pemba, ne devrait pas être touchée directement. Par conséquent, il pourrait y avoir moins de personnes directement touchées que par Idai le mois dernier. Mais le pays peine à faire face aux séquelles du premier cyclone et dispose de peu de capacités pour faire face à une nouvelle catastrophe. Le transfert des équipements de sauvetage, notamment des bateaux et des hélicoptères dépêchés à Beira, dévastée par Idai, a d’ores et déjà été annoncé.  

Alerte en Tanzanie

Le sud de la Tanzanie était la prochaine cible de Kenneth : les autorités locales ont émis des messages d’alerte à destination des populations des provinces de Mtwara, Lindi et Ruvuma en raison des fortes précipitations et des vents violents attendus.

Aux Comores les autorités mesuraient l’étendue des dégâts jugés « très importants » par le président Azali Assoumani, avec son lot d’arbres arrachés et de maisons en tôle emportées.

La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) s’est dite « particulièrement inquiète » des dégâts que le cyclone pourrait provoquer au Mozambique.


« Selon la Banque mondiale, Idai a fait plus d’un milliard de dégâts au Mozambique, ajoute Caroline Dumay. Ce pays très pauvre est déjà endetté d’un montant d’environ 1 milliard de dollars. Elle vient de prêter 90 millions de dollars pour l’aider à reconstruire. Les autorités sont donc très inquiètes de voir un nouveau cyclone s’abattre sur les côtes nord du pays, un mois après le premier » .

Moctar FICOU / VivAfrik

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