(Initiative pour l’emergence de Madagascar) – C’était l’une des mesures phares du programme environnemental d’Andry Rajoelina : reboiser l’île selon une approche collective, en responsabilisant les citoyens. La campagne de reforestation a été lancée officiellement le 2 mars dernier.
La déforestation constitue un problème majeur à Madagascar : depuis son Indépendance en 1960, le pays a perdu 45% de ses forêts. Culture sur brûlis, charbonnage, coupe de bois de rose : quelque 100 000 hectares de forêt disparaissent chaque année. La tendance s’est accélérée à partir des années 2010, 2017 ayant connu un pic de déforestation sans précédent. Avec 90 % d’espèces endémiques, la biodiversité unique de la Grande Ile est menacée de disparition.
Jusqu’à présent, les programmes forestiers ayant toujours été subventionnés ou financés par des bailleurs de fonds, aucune initiative nationale ni aucune politique environnementale claire n’avait été engagée. Changement de cap avec Andry Rajoelina, qui a fait de cette question l’un des axes forts de son programme.
De l’Ile Rouge à l’Ile Verte
Objectif : reboiser chaque année 40 000 hectares en plantant un minimum de 40 millions de jeunes pousses grâce à la mobilisation de 6 millions de personnes (élèves, étudiants et militaires) et de 2,5 milliards d’ariary (684 000 USD) alloués au ministère de l’Environnement, complétés par un financement de 40 millions USD octroyé par la Banque mondiale et la Banque Africaine de Développement (BAD) afin de transformer l’Ile Rouge en Ile Verte. Pour y parvenir, le Président mise sur l’implication des citoyens, en invitant chacun d’entre eux à planter au minimum 10 plants par an que l’Etat fournira grâce à des pépinières installées dans les 22 régions du pays.
Trois techniques seront utilisées pour procéder à la restauration forestière : le reboisement avec une mise en terre variant de 500 à 1000 plants par hectare, le semis naturel et le semis artificiel par drone, une première pour les régions enclavées ou difficilement accessibles. La réalisation d’un inventaire national des ressources forestières, afin de les préserver durablement, constituera une autre initiative pionnière.
Campagnes de sensibilisation
Parce que « planter un arbre aujourd’hui, c’est penser à demain, à notre terre et aux générations futures », selon le Président, la campagne de reboisement a été lancée officiellement le 2 mars à Analameva-Antsirinala Moramanga, sur les terrains du Fanalamanga. À ses côtés, les premiers contributeurs de cette journée de reboisement étaient notamment de jeunes scouts, étudiants, militaires, représentants du gouvernement et Institutions. Une semaine plus tard, 22 000 pousses étaient plantées à Andranovelona.
Pour atteindre l’objectif présidentiel, des campagnes de sensibilisation seront menées contre les feux de brousse et des mesures d’accompagnements seront mises en place pour les planteurs afin d’éviter les cultures sur brûlis. Une campagne de sensibilisation sera également menée pour faire la promotion de l’éthanol, qui représente une solution durable aux problèmes environnementaux et sanitaires causés par le charbon de bois, avec comme objectif que tous les ménages l’utilisent comme combustible à la place du charbon de bois. La première usine malgache de production de ce carburant a été lancée le 7 mars dernier à Ambilobe, à l’initiative de l’association de la Première Dame, Fitia, avec une capacité de production de 4000 litres par jour.
Volontarisme politique
Le 14 mars dernier, la venue d’Andry Rajoelina au One Planet Summit, à Nairobi (Kenya), lui a permis de dévoiler son ambitieux plan de reforestation et de réitérer son engagement environnemental lors de sa rencontre avec la diaspora malgache. En marge de l’évènement, il a pu échanger avec les présidents français et kényan Emmanuel Macron et Uhuru Kenyatta sur des questions de sécurité, d’environnement et d’agriculture.
Andry Rajoelina s’est également entretenu avec la présidente par intérim du Groupe de la Banque mondiale, Kristalina Gueorguieva, qui a acté l’augmentation significative de l’enveloppe budgétaire accordée à Madagascar en complément des 60 millions USD débloqués pour financer les projets des paysans et des jeunes. Elle s’est aussi engagée à approfondir le projet de titre vert pour l’entrepreneuriat agricole pour encourager les vocations et répondre au défi de l’autosuffisance alimentaire.
L’après-midi, intervenant lors de la 3e Assemblée générale des Nations Unies sur l’Environnement, à Nairobi, Andry Rajoelina a souligné le défi que constitue la reforestation de Madagascar, énumérant les mesures prises dans le cadre de sa campagne de reboisement national. « Aujourd’hui, la prise de conscience est absolue, la volonté politique est plus que jamais présente et l’optimisme est là. Madagascar est prêt à s’engager dans le virage de la croissance verte. »