Mercredi 27 mars 2019, le consortium Organized « Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) », fondé en 2006, regroupant des centres d’enquête, des médias et des journalistes spécialisés dans le crime organisé et la corruption, publiait un rapport sur la Gambie, faisant état de corruption généralisée au sein de l’appareil étatique pendant l’administration du président Jammeh.
Le rapport de cette enquête baptisé « Forest Trends » a révélé que le Président gambien déchu aurait volé 500 milliards de FCFA à son pays. A en croire le même rapport, la Casamance a également été victime du carnage financier de Yaya Jammeh qui a pillé sa forêt, à travers un trafic de bois de vène vers la Chine. Le préjudice subi est chiffré à près de 325,5 millions de Dollars, soit plus de 162 milliards FCFA entre 2010 et 2016.
La Gambie a exporté du bois de vène d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars. C’est suite à un système mafieux orchestré par Jammeh qui a noué un partenariat criminel avec deux Roumains Nicolae et Dragos Buzaianu qui avaient le monopole sur les exportations de bois.
« Libération » qui donne l’information, souligne que le bois était coupé au Sénégal avant d’être acheminé en Gambie. De là, il était exporté en Chine. Le journal de révéler qu’avec Jammeh, le MFDC (Le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance), a tiré parti du commerce du bois. En effet, le mouvement rebelle aurait tiré 19,5 millions de dollars (9,7 milliards FCFA) du commerce illégal de bois entre 2010 et 2014, selon un rapport de Forest Trends, une organisation caritative environnementale américaine. Jammeh et ses associés sont devenus copropriétaires d’une société forestière, West Wood Gambia.
Le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui a profité du commerce illégal de bois, a reçu sa part du gâteau. Le mouvement rebelle aurait encaissé 19,5 millions de Dollars, soit plus de 9 milliards FCFA, entre 2010 et 2014.
Selon l’OCCRP, l’ancien président gambien, Yahya Jammeh, aurait orchestré le détournement de plus de 975 millions de dollars de fonds publics et de recettes illicites tirées du bois au cours de ses 22 années de gouvernement. Tous les secteurs lucratifs ou institutions pourvoyeuses de finances, telle la Banque centrale de Gambie à hauteur de 71,2 millions de USD, la structure étatique de gestion des pensions et sécurité sociale à hauteur e 60 millions, la société de télécommunications pour 363,9 millions ; ou encore la société pétrolière nationale à hauteur de 55.2 millions ; avaient été pris pour cible.
Ces fonds détournés pour éviter toute traçabilité étaient envoyés à des sociétés écrans étrangères sans véritable existence ou attribués à des entreprises ayant obtenu des contrats exceptionnellement lucratifs. L’homme soutenait par ces détournements un train de vie complètement en déphasage avec la situation économique du pays. Dans son village natal, Jammeh aurait fait construire Mosquée privée, Villa somptueuse, parc animalier avec des espèces rares et exotiques, et un camp moderne d’entraînement militaire, concluent les enquêteurs.
Moctar FICOU / VivAfrik