Plus de deux milliards d’individus privés d’eau dans le monde, selon l’ONU

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En marge de la célébration de la journée mondiale de l’eau prévue ce 22 mars 2019 sous le thème : « Ne laisser personne de côté », l’Organisation des Nations unies (ONU) a publié un rapport dont le constat alarmant. Ses chiffres font froid dans le dos. Non seulement les populations les plus pauvres continuent de manquer d’eau mais le problème s’aggrave. En cause, le réchauffement climatique ou encore l’augmentation du nombre de réfugiés.

Alors que l’eau va se raréfier, la demande pour cette ressource vitale va exploser: comment gérer cette contradiction ? Devant ce défi majeur, L’ONU fait le bilan des laissés pour compte. Conséquence de la croissance démographique, du développement économique et de l’évolution des modes de consommation, la demande mondiale en eau devrait augmenter de 20 à 30% par rapport au niveau actuel d’ici à 2050, constatent ONU-Eau et l’Unesco dans leur rapport annuel sur l’eau. Dans le même temps, le changement climatique risque de compliquer l’accès à l’eau potable avec les sécheresses et les inondations.

Plus de deux milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau dans le monde

C’est un bien vital, et pourtant plus de deux milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau dans le monde. Pour la journée mondiale de l’eau, les Nations Unies publient cette année un rapport mondial alarmant. Trois personnes sur dix dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable et six sur dix sont privées d’installations sanitaires. Cette pénurie d’eau concerne avant tout les pays les plus pauvres. En Afrique subsaharienne, par exemple, où une personne sur quatre seulement dispose d’une source d’eau potable, les populations les plus fragiles récupèrent de l’eau grâce à des camions citernes ou des petits vendeurs. Elles payent l’eau dix fois plus cher que les populations plus riches, s’indigne l’ONU. Certaines familles dépensent même le tiers de leurs revenus pour avoir simplement un minimum d’eau.

Le nombre de réfugiés sans eau risque bien d’augmenter en raison du réchauffement

Le droit fondamental à l’eau n’est donc pas respecté et la situation ne s’améliore pas, loin de là, en raison des déplacements de populations, car les réfugiés n’ont souvent pas d’accès à l’eau. Ils étaient 70 millions sur les routes en 2017 en raison de conflits et 25 millions pour fuir une catastrophe naturelle. Or, cet afflux devrait augmenter en raison du réchauffement climatique qui accroît la pénurie dans certaines régions. Enfin, l’eau est un tel enjeu qu’elle devient elle-même une source de conflits : l’ONU comptait une centaine d’affrontements liés à l’eau entre 2000 et 2009, il y en avait déjà 260, soit plus du double, entre 2010 et 2018. 

Les États devront financer davantage l’accès à l’eau

L’accès insuffisant à une eau potable de qualité et le manque de services d’assainissement des eaux usées coûtent cher en vie humaine, avec 780.000 décès causés par la dysenterie et le choléra chaque année, bien plus que les victimes de conflits, de séismes et d’épidémie, selon le rapport.

L’ONU rappelle donc, dans ce rapport, que le droit international « oblige les États à œuvrer en faveur de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement, sans discrimination, en accordant la priorité aux plus démunis ».

« L’objectif de ne plus avoir de laissés-pour-compte se trouve au cœur des engagements pris dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui vise à permettre à toutes les populations de bénéficier du développement socio-économique et réaliser pleinement les droits de l’Homme ».

Mais l’objectif de développement durable défini par le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), qui prévoit « d’ici à 2030 un accès universel et équitable à l’eau potable, à un coût abordable », pourrait ne pas être atteint.

Pourtant cet objectif n’est pas atteint. Parmi les solutions possibles, il faudrait par exemple développer « des systèmes décentralisés d’approvisionnement et d’assainissement moins coûteux dans les petites agglomérations, notamment les camps de réfugiés ». Et pour les habitants des zones rurales, la priorité est de « disposer davantage d’installations adéquates proches de leur domicile ». Or pour tout cela, rappelle l’ONU, l’aide au développement ne suffira pas. Les États devront donc davantage investir pour assurer un meilleur accès l’eau si l’on sait que les besoins sont estimés à 114 milliards de dollars annuels, trois fois ce qui est dépensé actuellement, sans prendre en compte les coûts de fonctionnement et d’entretien.

Moctar FICOU / VivAfrik                 

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