Le projet sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris contre le réchauffement climatique patine dans la dernière linge droite de la 24ème Conférence des Nations unies sur le changement climatique à Katowice en Pologne.
A la COP24, les négociations se poursuivent. En effet, l’application de l’accord de Paris pour le climat à partir de 2020, avec la finalité d’empêcher l’augmentation de la température globale au-delà de 2 degrés voire 1,5 degré, nécessite de mettre en place un mécanisme complexe au niveau international. Quelles sont les grandes lignes de ce texte qui s’approche de sa version finale ?
Dans la mise en place de l’accord de Paris, tous les pays seront soumis aux mêmes règles sur le contrôle et la transparence, la mise en conformité de leurs déclarations en termes d’action effectives pour diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais les pays les moins avancés et les petites îles bénéficieront d’une flexibilité et d’un délai supplémentaire, à leur demande, pour atteindre leurs objectifs.
En d’autres termes, la COP24 doit aboutir à la signature d’un texte explicitant la mise en œuvre de l’accord conclu il y a trois ans dans la capitale française avec l’ambition de maintenir le réchauffement climatique mondial «bien en dessous» de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.
La présidence polonaise de la COP24 avait demandé que le texte soit prêt jeudi après-midi à l’issue de près de deux semaines de négociations, mais les désaccords politiques ont freiné les débats.
Eviter un nouveau Copenhague
Un projet d’accord a été ébauché dans la nuit de jeudi à vendredi sans susciter beaucoup d’enthousiasme. De nombreuses questions financières étaient notamment restées en suspens, mais l’optimisme semblait de mise vendredi soir.
Revenu vendredi 14 décembre 2018 à Katowice pour la troisième fois, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a insisté auprès de la présidence polonaise pour qu’elle fasse en sorte que les discussions s’achèvent ce vendredi et que le texte final exprime «le niveau d’ambition le plus élevé».
«Il est primordial que Katowice ne soit pas un échec. C’est ce qui pourrait se produire de pire. Cela donnerait une impression de chaos, l’impression, que dans une certaine mesure, ce qui s’est passé à
Copenhague s’est reproduit»,a-t-il dit. Il évoquait l’accord a minima conclu en 2009 dans la capitale danoise, qui avait contribué à ralentir le processus qui a abouti à l’Accord de Paris.
On craignait, il y a 15 jours,que la science soit exclue de l’accord, que le rapport du groupe des scientifiques pour le climat, le GIEC, ne figure pas dans le texte final alors qu’il donne des informations cruciales pour contenir la hausse de la température, mais on retrouve à cette heure plus de 60 références à ce rapport dans le projet de texte. Les Etats pourront donc s’en saisir pour faire diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre.
Il y a donc des évolutions positives, mais en revanche, les pays responsables des émissions de gaz à effet de serre ont réussi à reléguer les mentions des pertes et dommages dus au changement climatique en bas de page, et logiquement, les pays vulnérables n’en sont pas satisfaits.
Il semble donc qu’on s’approche à grands pas d’un texte final, mais sera-t-il suffisamment ambitieux ?
Le projet de texte élaboré dans la nuit de jeudi à vendredi pouvait encore être retouché, mais encore faut-il que les pays riches tiennent et améliorent leur promesse de fournir chaque année, entre 2020 et 2025, une aide de 100 milliards de dollars aux Etats plus pauvres afin de les assister dans leur politique de développement durable.
Des progrès ont par ailleurs été constatés sur d’autres points, notamment sur la formulation du caractère primordial du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) selon lequel il est essentiel de limiter à 1,5 degré le réchauffement climatique.
Le texte devrait également exprimer avec clarté ce que feront les pays après la conférence et expliciter les moyens qu’ils mettront en œuvre pour en atteindre les objectifs.
Moctar FICOU / VivAfrik