Selon les estimations publiées en juillet dernier, plus de 110 000 enfants de moins de 5 ans sont victimes de malnutrition aigüe en 2018 suite à une visite à l’unité de nutrition du Complexe Pédiatrique de Bangui. Parmi eux, 67 942 souffrent de malnutrition aigüe modérés et 42 369 sont des malnutris aigue sévères. La malnutrition aigüe sévère persiste au-dessus du seuil d’urgence dans 39 Sous-préfectures sanitaires, sur les 71 que compte le pays.
Alors que ce 16 octobre correspond à la Journée mondiale de l’alimentation, en Centrafrique, deux habitants sur cinq sont en situation d’insécurité alimentaire. Les premiers touchés sont les enfants. L’Unicef confirme pour cette année que 110 000 enfants de 0 à 5 ans souffrant de malnutrition aigüe.
Sur un petit banc à l’unité nutritionnelle de l’hôpital pédiatrique de Bangui, en Centrafrique, Barbara attend, un jeune enfant au sein, un autre décharné, le regard vide assis à côté d’elle. Sa fille Charline est malade depuis trois mois. Elle a perdu beaucoup de poids et ne guérit pas.
« Au village, il n’y a pas de traitement, raconte Barbara. C’est pour ça que je suis venue au centre de santé. Hier, j’ai vendu un pagne pour 3000 francs CFA [4,50 euros] juste pour pouvoir payer le transport pour venir ici à Bangui. Je m’inquiète pour ma fille. Depuis trois mois, elle ne guérit pas. Ma dernière solution, c’était de venir à l’hôpital ».
Face à cette urgence, le ministre de la Santé Publique, Pierre Somsé a déclaré que le gouvernement ne peut pas rester indifférent face à ce problème : « Nous ne pouvons pas rester indifférents au drame que vivent ces enfants. La solution existe lorsqu’ils sont pris en charge correctement », estime-t-il.
Période de soudure
Charline devra être hospitalisée plusieurs semaines et devra sans doute partager son lit avec un autre enfant car le service ne désemplit pas. On comptait encore huit nouvelles admissions, aujourd’hui. « Nous avons une capacité d’accueil de 58 lits, explique le docteur Jean-Pierre Mouimana, responsable de l’unité nutritionnelle thérapeutique. Mais le nombre d’enfant dépasse largement le nombre de lits disponibles. Donc nous sommes à peu près entre 120 et 150% de capacité d’accueil. Souvent, on a deux enfants par lit, on fait avec ».
Les causes de la malnutrition en Centrafrique sont multiples : insécurité alimentaire, maladies qui favorisent l’installation de la malnutrition, mauvaises pratiques nutritionnelles. La période de soudure, c’est-à-dire la période qui sépare la fin de la consommation de la récolte de l’année précédente et l’épuisement des réserves des greniers de la récolte suivante, vient aussi aggraver la situation.
Et donc le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a besoin de 7,8 millions de dollar américain cette année pour répondre à l’urgence nutritionnelle, a expliqué Christine Muhigana, représentante de l’Unicef en République Centrafricaine : « Nous avons besoin que l’aide arrive rapidement, surtout en cette période de l’année particulièrement difficile qui précède les récoltes», a-t-elle souhaité.
La détérioration de la situation nutritionnelle résulte essentiellement de l’insécurité qui provoque des déplacements de population, ce qui a pour conséquence l’interruption des travaux agricoles, les hausses des prix des denrées alimentaires ainsi que le faible taux d’allaitement maternel exclusif.
Moctar FICOU / VivAfrik