Le rapport annuel de l’agence fédérale américaine National oceanic and atmospheric administration (Noaa) publié mercredi 1er août 2018 a alerté dans un premier temps sur les mesures des scientifiques de la Noaa et l’actuelle vague de chaleur qui fait suffoquer les populations d’Europe du Nord, du Japon, du Canada ou du Pakistan, laissent peu de doute sur la réalité du réchauffement climatique. De l’autre, l’« empreinte écologique » grandissante de l’homme, illustrée notamment par la hausse des émissions des gaz à effet de serre et par l’augmentation des surfaces cultivées, brosse le tableau d’une planète au bord de la rupture sans que les actes suivent la prise de conscience.
Deux ans et demi après l’accord de Paris, conclu lors de la COP21 pour contenir le réchauffement sous le seuil des 2 °C, « l’union sacrée pour le climat » à laquelle appelle Nicolas Hulot, le ministre de la transition écologique et solidaire, se fait toujours attendre. Certes, des villes se rassemblent autour d’objectifs de transformation de leurs usages en matière d’énergie, de logement ou de transport. Certes, des entreprises se projettent vers une économie rejetant moins de carbone, et le monde de la finance réévalue peu à peu sa politique d’investissement à la lumière du risque climatique. Un sommet mondial des acteurs non étatiques, le premier du genre, devrait mettre à l’honneur ces initiatives, mi-septembre, à San Francisco.
Le phénomène El Niño est un mécanisme naturel de la planète : il s’agit d’un réchauffement des eaux de l’océan Pacifique entraînant à la hausse la température des autres régions du globe. L’année 2017 a été classée comme l’une des trois plus chaudes de l’histoire moderne.
En 2015, El Niño avait provoqué un hiver exceptionnellement chaud au Canada, le deuxième plus torride depuis 1948. « Ce sera un El Niño de faible ou de moyenne intensité », explique le directeur de l’Agence, Mike Halpert. Notre planète est en surchauffe et les conséquences ont encore une fois été dramatiques l’an passé. Le dernier rapport annuel de la National Oceanic and Atmospheric Administration est éloquent à ce sujet.
En Arctique comme en Antarctique, cela aura été encore une fois une année rouge : l’étendue de calotte glaciaire comme de la banquise, a encore une fois battu des records à la baisse.
Toutefois, les Etats restent le maillon faible de cette mobilisation. C’est le cas des Etats-Unis de Donald Trump, l’un des derniers dirigeants climatosceptiques de la planète, qui a isolé son pays en ouvrant la voie, en juin 2017, à son retrait de l’accord de Paris. De son côté, l’Union européenne peine à réviser à la hausse ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Il s’agit pourtant d’un effort indispensable. La Chine, premier émetteur mondial de CO2, est, elle aussi, confrontée à la contradiction entre les engagements de l’accord de Paris et la poursuite d’une croissance économique soutenue. Partout, les lobbys tentent de remettre en question les maigres avancées, comme au Canada, qui vient d’assouplir son projet de taxes sur les émissions de gaz à effet de serre.
Les Etats n’ont d’autre choix que d’agir vite et d’interroger les modes de production et de consommation qui font des hommes les prédateurs de la nature. Pour contenir la hausse des températures, l’accord de Paris indique clairement la voie en visant la neutralité carbone dans la seconde moitié du siècle. Cet objectif implique de laisser sous terre la plus grande partie des réserves d’énergies fossiles, les carburants du réchauffement. Combien faudra-t-il d’avertissements pour que l’humanité cesse de rester accrochée à un modèle qui conduit à sa perte ?
Le 1er août est également le jour où l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la nature peut régénérer en un an, selon les calculs du réseau international du Global Footprint Network et celui du WWF. Année après année, ce « jour du dépassement » est de plus en plus précoce : en 1975, c’était le 1er décembre ; en 1995, le 5 octobre ; en 2015, le 4 août, et en 2017, c’était le 2 août.
Moctar FICOU / VivAfrik