En marge de la journée d’animation scientifique tenue ce 05 Juillet 2018 à Diourbel par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) du Sénégal sur : « Les biotechnologies modernes et le cadre institutionnel et réglementaire (international et national) de prévention et de gestion des risques biotechnologiques »; Bonifce Cacheu juriste dans ledit ministère interviewé par VivAfrik, a fait le point de la question.
M. Cacheu d’introduire que : « L’objet de cette journée, c’est de vulgariser le projet de loi portant biosécurité qui a vocation à abroger celle de 2009, mais également de communiquer sur les concepts de base en matière de biotechnologie moderne, de biosécurité pour permettre aux populations d’avoir une connaissance précise de cette technique, et aussi d’avoir une vue précise des enjeux et défis que soulèvent cette nouvelle technologie ».
Avant d’expliquer que : « La biotechnologie de façon générale révolutionne la capacité de l’homme à transformer le vivant. Aujourd’hui, on a la capacité d’agir directement sur le code génétique des organismes. On peut prendre le germe d’un poisson et l’insérer dans une tomate par exemple. Ce qui va permettre de franchir la barrière entre les espèces. Du fait de l’évolution de cette biotechnologie, aujourd’hui, l’homme n’a de limite que celle qu’il veut bien se fixer. Tout naturellement, les populations ayant connaissance des implications de cette découverte ont exprimé des inquiétudes, il faut que nous fassions tout pour que l’humanité tire le maximum possible de biotechnologie moderne. Tout en ayant une claire connaissance de ces dangers éventuels ».
En ce qui concerne le Sénégal Bonifce Cacheu de dire que : « Dans le contexte de notre pays, les Ogm représentent une opportunité formidable. On a parlé de la salinisation des terres, d’insuffisance hydrique, il est possible de fabriquer des plantes qui nous permettent de cultiver dans des terres gagnées par le sel ou dans des milieux où il y a des déficits hydriques. Mais ce qu’il faut, quand on parle d’Ogm, on parle de manipulation d’organismes vivants et on ne peut pas à priori maitriser leurs évolutions, leurs comportements. Ce sont des organismes vivants qui ont vocation à être insérés dans le milieu vivant. Ce qu’il faut faire, c’est de mettre en place des mécanismes qui permettent d’assurer un décret adéquat de protection. Et si les populations ont confiance en ces mécanismes, associées à la prise de décision, il va de soi que les craintes vis-à-vis des Ogm vont se dissiper ».
Poursuivant que : « C’est pourquoi la loi de 2009 va être abrogée et remplacée par une nouvelle loi qui est moderne qui essaye de mettre en place les procédures de sécurité, sures et transparentes qui prévoit des mécanismes pour associer les populations au processus de prise de décision ».
L’expert ne cache pas son enthousiasme avec cette innovation: « Avec les biotechnologies, les possibilités sont illimitées. L’homme n’a de limite que celle qu’il veut bien se fixer. Aujourd’hui, on identifie un problème, avec les biotechnologies modernes, on peut produire facilement une solution. Si je prends le cas de nos pays, on est confronté à la sécheresse, à la salinité des sols, aux prédateurs de récoltes. Aujourd’hui, il est possible d’avoir des plantes qui peuvent pousser en milieu désertique ou dans des zones gagnées par la mer. Il y a beaucoup d’autres avantages du point de vue médical. Si on prend l’exemple du Diabète, au départ, on peut produire l’insuline du porc. Le diabète, c’est un organisme génétiquement modifié. Aujourd’hui, grâce au progrès, on n’utilise plus le porc pour produire l’insuline mais une bactérie ».
Selon Bonifce Cacheu : « Il y a aussi des applications possibles dans le domaine industriel et même pharmaceutique. Aujourd’hui, beaucoup de médicaments sont fabriqués à base d’organismes génétiquement modifiés. Donc les perspectives sont illimitées. Il suffit juste qu’on ait la capacité de développer des Ogm qui répondent à nos besoins. L’enjeu c’est le développement du Sénégal et ces Ogm peuvent y contribuer ».
M. Cacheu de conclure sur les possibles réticences : « Ces inquiétudes sont légitimes parce qu’on est réfractaire au changement. Toute technologie nouvelle véhicules des controverses. Il appartient à l’Etat, aux autorités compétentes d’essayer de dissiper ces inquiétudes. On serait inquiété si les populations n’exprimaient pas des inquiétudes. »
Envoyé spécial VivAfrik.