Par Sakouvogui Paul FOROMO
L’exploitation illicite du bois est devenue récurrente en Guinée Forestière. Cette coupe anarchique joue négativement sur la faune et la flore. Ces derniers temps, le trafic a pris une envergure inquiétante dans cette partie de la Guinée au vu et au su des autorités.
Alors que les yeux sont tournés vers la Forêt forte, une société spécialisée dans la fabrique de contreplaqués, plusieurs autres marchands non agrées font des ravages dans les forêts de la Guinée forestière.
Ils sont nombreux ces citoyens qui ne vivent que de ce trafic dans la zone. Ils ont souvent un argument très facile : on n’exploite que pour la consommation locale. Mais en réalité, c’est un business « ravageur » très lucratif.
« On coupe pour la consommation locale, parce que nos villages et nos villes ne sont pas construits. Nos parents ont besoin du bois », se défend ce vendeur de bois et membre de la coordination régionale de la filière bois à Nzérékoré.
Le phénomène tue à petit feu la forêt et détruit l’environnement de la région Forestière. Monsieur Kékoura, l’un des agrées de la préfecture dans cette filière confie qu’une trêve de trois mois a été prise pour permettre la régénération de la forêt. Mais beaucoup estime que cela est insuffisant.
« Vues les conditions d’exploitations, l’Etat a envisagé un repos. Parce qu’en mois de juillet et août, les routes sont très difficiles à pratiquer et aussi les bois sont en évolution. Donc ils ont décidé de faire un arrêt biologique juste pour trois mois. Le mois de juillet, août et septembre. Ces trois mois sont réservés pour l’évolution du bois », confie-t-il.
De nos jours, aucune statistique n’est disponible sur la coupe abusive du bois dans la zone malgré l’implantation des services spécialisés censés contrôler la gestion de la dite filière. Le Colonel Pépé Papa Condé, coordinateur régionale de la mission des conservateurs sonne l’alerte et s’acharne contre cette exploitation illicite. Selon lui, si toutefois des dispositions ne sont pas prises, on risque de détruire toutes les forêts du pays.
« On ne peut pas vous donner la statistique des bois coupés en Guinée forestière. On ne peut pas vous donner par préfecture. On ne connait pas le nombre d’exploitants ou encore le volume exporté à Conakry. On parle de consommation locale, mais si on passe dans nos villages, les constructions que les gens font par an, le bois qu’on utilise ne peut pas atteindre le millième de bois coupé en Guinée forestière. Ce qui est encore alarmant, c’est du fait que ce couvert détruit n’est pas reconstitué.
Il faut que tous ceux qui sont impliqués dans cette filière d’exploitation de bois soient suivis à la lettre. Et qu’on ait une situation claire, une statistique claire de l’exploitation. Sans cela, dans un avenir proche, je dirai qu’à l’avenir, on ne parlera plus de la Guinée forestière. Aujourd’hui, si tu survoles Conakry-Nzérékoré, tu ne trouveras que des palmiers », alerte le Colonel Pépé Papa Condé.
Tout dernièrement, l’Etat avait signé une convention d’exploitation des forêts classées de Ziama et celle de Diécké avec la société Cozy Corporation (forêt forte). Une décision qui avait suscité assez d’indignations et de réactions au sein de l’opinion publique.
Sakouvogui Paul FOROMO
Correspondant régional d’Africaguinée.com
A Nzérékoré
Tél. (00224) 628 80 17 43