Niger : la mue d’Agadez atteint son apogée

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Agadez, jadis connu pour être un lieu de transit et de départ de l’émigration irrégulière vers l’Europe, a depuis fin 2016, vivement encouragé les habitants à s’orienter vers des activités alternatives tels que le maraîchage, l’élevage, la couture, la mécanique et surtout les petits commerces. Le projet Agadez plan d’action impact rapide (Agaper) alloue 1,5 million de francs CFA par projet accepté. « Mais à ce jour, déplore Ahmet Algous, coordonnateur de l’Agaper, nous ne pouvons satisfaire que 100 acteurs sur les 6 500 » recensés dans la région.

Grâce à d’autres soutiens, cet organisme du gouvernement nigérien a pu financer seulement 294 projets. La faute à un retard de financement, notamment de l’Union européenne, d’après ce responsable qui estime à 8 milliards de francs CFA, le « gap » à combler pour appuyer quelque 694 dossiers éligibles et placés en attente. « Nous sommes dans une région assez sensible, avec une jeunesse désabusée, nous avons connu beaucoup de crises économiques, des rébellions… Tous les secteurs de l’économie sont pratiquement à l’arrêt », s’inquiète Ahmet Algous.

Cette « grande impatience », Raul Mateus Paula, le chef de la délégation de l’Union européenne au Niger, l’a bien sentie, lors de ses fréquentes visites à Agadez. Depuis le sommet de La Valette du 11 novembre 2015, près de 640 millions d’euros ont été débloqués pour financer plusieurs projets de développement, comme la formation de 6 000 jeunes, rappelle le diplomate européen. Quant au programme de reconversion, « près de 300 projets seront prochainement financés, puis nous ferons un bilan d’étape de ces projets « pilote » courant juin », assure Raul Mateus Paula.

Relancer l’agriculture

« On a voulu privilégier les entreprises qui peuvent faire de petits bénéfices rapidement », commente avec scepticisme un cadre établi à Agadez. « Les gens ne sont pas prêts à cette reconversion », poursuit cette source, qui relève de potentielles failles : « On propose à quelqu’un une activité qu’il ne connaît pas… Prenez les restaurants, ils sont d’habitude gérés par des étrangers, des Togolais ou des Sénégalais… mais pas par des femmes d’Agadez. Il faudrait avant tout les former », suggère cette source.

A Agadez, les autorités locales en ont bien conscience : la réponse se trouve sans doute dans la valorisation d’activités agricoles, dont les retombées seront visibles seulement à moyen terme. Principal potentiel de la région : la culture de l’oignon, dont le chiffre d’affaires annuel atteint en moyenne 76 000 euros, d’après les données de la Chambre de commerce d’Agadez. Seulement pour développer davantage cette filière, il faut encore remplacer les infrastructures vétustes. « On ne peut pas développer cette agriculture sans développer les infrastructures routières », déplore Rhissa Feltou, le maire d’Agadez, qui milite pour la réhabilitation de la route reliant Tahoua à Agadez.

Moctar FICOU / VivAfrik

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