
Le gouvernement congolais envisage des exploitations pétrolières dans deux parcs naturels classés à l’Unesco en République démocratique du Congo (RDC), selon Global Witness. L’ONG britannique en veut pour preuve des lettres confidentielles. Elle demande à Kinshasa de renoncer à son projet.
Le gouvernement congolais veut la « désaffectation » ou le « déclassement » de zones protégées du parc de la Salonga, au centre du pays, et du parc des Virunga, à l’est pour pouvoir exploiter du pétrole. C’est en tout cas ce qu’affirme l’ONG britannique Global Witness qui affirme avoir consulté des courriers du ministre congolais des Hydrocarbures Aimé Ngoi Mukena.
20 % du plus vieux parc naturel d’Afrique déclassifié ?
Dans deux notes consultées par l’ONG, le ministre demande au gouvernement fin mars « de constituer une commission interministérielle » pour « le déclassement par décret d’une zone d’intérêt pétrolier du parc de Salonga » et « d’une zone d’intérêt pétrolier de 172.075 hectares (1.720,75 km2) soit 21,5% du parc des Virunga ». Cela fait suite à l’autorisation, accordée en février par le Président congolais Joseph Kabila, des activités d’exploration à l’intérieur de blocs pétroliers qui chevauchent déjà partiellement la Salonga.
« Le gouvernement congolais doit immédiatement arrêter toute tentative de déclassifier des parcs nationaux et des sites de l’Unesco. Il devrait aussi publier tous les contrats signés avec des compagnies pétrolières ainsi que les détails des paiements qu’il a reçus dans le cadre de ces contrats », commente l’ONG.
Ce n’est pas la première alerte d’une ONG. Depuis plusieurs années déjà, plusieurs d’entre elles, dont le WWF, font campagne pour empêcher l’exploitation pétrolière dans ces parcs. Le parc de la Salonga abrite près de 40 % de la population mondiale de bonobos, tandis que celui des Virunga constitue un habitat vital pour de nombreuses espèces protégées, notamment les hippopotames, les éléphants et certains des derniers gorilles des montagnes au monde.
Une manne potentielle de 7 milliards de dollars
Mais cette biodiversité est menacée par la manne économique que le gouvernement congolais espère tirer de l’exploitation de l’or noir. Dans les Virunga, le plus ancien parc naturel d’Afrique, les réserves pétrolières sont estimées à « 6 758 milliards de barils avec les recettes budgétaires additionnelles de sept milliards de dollars », lit-on dans ces notes du ministre que l’AFP a également pu consulter.
Joint par l’AFP, le ministre des Hydrocarbures a démenti avoir connaissance d’un tel projet. Tout en affirmant que « si ce projet existe, nous n’avons pas peur de l’assumer ».
Une visite interministérielle réunissant notamment les ministres de l’Agriculture et des Affaires foncières, est pourtant prévue dans le parc ce vendredi 4 mai, a indiqué une source dans l’entourage du parc. En avril, cinq éco-gardes et un chauffeur y sont morts dans une attaque attribuée à l’un des groupes armés actifs dans la région.
Avec AFP et Novethic