Hausse de 6% par an du marché du baobab d’ici à 2022

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Ce n’est plus un secret de Polichinelle. Après avoir montré leurs capacités sur le continent africain, les vertus du commencent réellement à transcender les frontières de l’Afrique. Longtemps reconnu sur le continent noir pour la multiplicité de ses usages alimentaires et médicinaux, cet « arbre pharmacien », « arbre de longévité », originaire de l’Afrique des savanes où il est souvent vénéré, voit son succès s’affirmer ailleurs.

D’après le magazine britannique The Grocer, le leader du cybermarché britannique Ocado (avec qui le groupe français Casino s’est allié fin 2017 pour développer l’e-commerce alimentaire de Monoprix) a annoncé une hausse de 27% de ses ventes hebdomadaires depuis le début de l’année, notamment grâce au succès de ses « petits déjeuners liquides ».  En effet, la poudre blanche tirée du baobab est beaucoup utilisé dans la fabrication des smoothies et du porridge. Déjà, entre 2012 et 2013, soit quatre ans après le démarrage de sa commercialisation en Europe, les ventes au Royaume Uni de produits du baobab avaient bondi de 200%.

Le baobab prend racine

Rappelons que cela fera – déjà ou seulement… – 10 ans en septembre 2018 que le baobab et ses dérivés ont reçu l’autorisation d’être commercialisés sur le marché européen. Grâce à ses vertus d’antioxydants, de nutriments, de potassium, de phosphore, de niveau élevé de vitamine C (7 fois plus riche qu’une orange), de calcium et de fibre (9 fois plus que des pruneaux séchés), son usage a connu un bel essor, mais relativement récent, dans des segments aussi divers, allant des yaourts aux produits de beauté, en passant par le gin !

En effet, l’usage alimentaire du baobab a eu du mal à s’implanter. Car si l’arbre aux branches ressemblant à des racines, est un symbole de l’Afrique des savanes et attire l’œil du photographe et du touriste, ses fruits, larges, longs, avec un léger duvet vert, sont considérés peu attrayants à l’étal et nombre de consommateurs ne savent guère comment les préparer.

Toutefois, avec l’intérêt croissant pour la cuisine ouest-africaine en Europe, notamment au Royaume Uni, on voit aujourd’hui le baobab au menu de plusieurs restaurants. « Nous faisons du beurre de baobab pour notre popcorn « baobab », on l’utilise pour mariner, pour faire des poêlés de tilapia et de crevettes et on expérimente la glace au baobab », explique à Reuters Zoe Adjonyoh qui a créé le restaurant Zoe’s Ghana Kitchen à Londres.

Selon une étude de Technavio publiée en février 2018, le marché mondial de la poudre de baobab est attendu en hausse annuelle de 6% sur la période 2018-2022 en raison de la popularité croissante des suppléments nutritionnels à base de baobab et des achats en ligne en hausse. Une tendance qui repose sur la prise de conscience des bénéfices du baobab sur la santé.

Le segment alimentaire représente près de 48% de l’usage de la poudre de baobab mais la croissance de ce segment devrait commencer à décroître à partir de 2022, selon Technavio. Le segment boisson est  celui qui se développe le plus rapidement, avec 37% de part de marché.

Les marchés d’Europe, du Moyen Orient et d’Afrique étaient  leaders en 2017, représentant 43% de la demande mondiale mais devraient décroître d’ici 2022, comme les marchés américains, contrairement à l’Asie et Pacifique qui grimperaient.

Quelques ombres

Un essor du marché du baobab qui, toutefois, amène analystes et spécialistes à mettre en garde. Tout d’abord, il faut raison garder quant à l’essor du marché du baobab car de nombreux autres produits « nouveaux » et naturels connaissent un essor similaire ; la concurrence sera de plus en plus importante sur ces segments de marché bio, naturels, nutritionnels, santé, qu’ils soient alimentaires ou cosmétiques. Baobab fruit company Senegal (Bfcs) l’utilise même dans ses préparations d’aliments pour animaux.

Plus important encore, le succès du baobab au niveau international ne doit pas avoir pour conséquence de l’ériger en produit commercial à outrance avec pour ligne de mire les seuls marchés rémunérateurs à l’export, risquant de priver les populations locales de leur « arbre pharmacien » tant respecté.

« La science est le tronc d’un baobab, qu’une seule personne ne peut embrasser », dit le proverbe.

Moctar FICOU / VivAfrik

Avec commodafrica.com

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