L’évolution de la géographie urbaine du Sénégal a des répercussions non négligeables sur les territoires et sur le mode de gestion des collectivités pour faire face aux défis de la mondialisation. L’enjeu de prendre au sérieux le développement territorial est d’imaginer de nouveaux schémas de financement et de gouvernance, qui intègrent la question de l’expansion urbaine en vue de se constituer en grands ensembles métropolitain.
Le déséquilibre infrastructurel au niveau des territoires sénégalais
Dans un contexte de raréfaction des ressources c’est donc un combat d’autonomie politique et financière. Seulement, de tout temps, l’Etat s’est préoccupé de politiques sectorielles au détriment du développement territorial primordial pour faire émerger des bassins économiques viables et spécialisées pouvant réduire les disparités. Du coup, en dépit des divers schémas d’aménagement et de plans directeur d’urbanisme mis en œuvre ces dernières années, il est constaté que le territoire sénégalais est fortement déséquilibré en matière de distribution des infrastructures socio-économiques et des industries dont la quasi-totalité sont concentrées dans la zone Nord-Ouest, notamment dans les régions de Dakar et de Thiès. Cette situation conjuguée aux difficultés de l’hinterland observées depuis les années 70, a engendré une urbanisation galopante résultant d’un exode massif des jeunes ruraux vers les villes à la recherche d’emploi, de débouchés et d’une vie meilleure.
Entre 2002 et 2013, le taux d’urbanisation a augmenté de cinq (5) points de pourcentage passant de 40,7% en 2002 à 45,2% en 2013 ; tandis qu’inversement le pourcentage de ruraux diminuait dans les mêmes proportions passant de 59,3% en 2002 à 54,8% en 2013.
Le Sénégal à l’ère de la communalisation : l’acte 3 de la décentralisation
De plus, l’architecture territoriale découlant des découpages administratifs et territoriaux opérés en 1976, 1984 et dans les années 2000, a accentué ce déséquilibre territorial et compromis le développement des différents territoires. En conséquence, le Sénégal est passé de six (6) à dix (10) régions et de dix à quatorze (14) régions. Puis à l’ère de la communalisation intégrale (acte 3 de la décentralisation), cinq cent cinquante-sept (557) communes, quarante-deux (42) départements et cinq (5) villes-métropoles pour un pays d’une superficie de moins de 200 000 km² (196 176 km² précisément). Ce morcellement du territoire sénégalais en de petites entités pour la plupart sans ressources financières et humaines adéquates et sans potentialités économiques, ne permet pas au Sénégal, de tirer avantage de ses ressources, potentialités et atouts. Bien au contraire, La faiblesse des investissements, la stagnation de l’agriculture tributaire des aléas climatiques et les contraintes pour le développement de la branche industrie expliquent les faibles performances de l’économie sénégalaise et traduisent les difficultés de l’Etat à améliorer efficacement les conditions de vie des populations.
Mame Diaara SAMB / VivAfrik