Pourquoi, dans un monde en transformation, l’innovation est importante pour l’Afrique ?

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Co-Directeur de AIS et ancien Ministre de l’Économie et des Affaires Étrangères du Cabo Verde, José Brito signe cette tribune sur l’innovation en prévision de l’Africa Innovation Summit sur le même thème prévu prochainement à Kigali.

L’Afrique a fait des progrès significatifs au cours de la dernière décennie. Cependant malgré cette amélioration de la performance économique, la pauvreté reste un problème majeur. Les stratégies de développement mises en place tendent à privilégier la gestion de la pauvreté en attaquant les conséquences de la pauvreté au lieu de mettre l’accent sur la transformation structurelle des économies et des sociétés africaines.

Il est donc nécessaire, pour éviter de glisser plus profondément dans la pauvreté, que les pays africains soient en mesure de modifier fondamentalement la nature de leurs économies et de soutenir la transformation socio-économique.

Ce qui est sûr c’est qu’aucun pays au monde n’a développé ou transformé son économie sans améliorer ses capacités scientifiques, technologiques et d’innovation. Ceci n’a été possible qu’en développant des « systèmes nationaux d’innovation » robustes, qui exigent la construction de toutes les conditions nécessaires à la construction d’économies et de sociétés innovantes comme :

  • Un solide système d’éducation allant du préscolaire à la formation technico- professionnelle, jusqu’à l’université avec une grande exigence en terme de qualité et de normes et une priorité aux STIG – science, technologie, ingénierie et gestion ;
  • Des programmes solides d’apprentissage par la pratique et d’apprentissage continu de la force de travail ;
  • Des infrastructures physiques et institutionnelles favorables à l’innovation et à l’entrepreneuriat : marchés financiers et produits financiers innovants pour les start-ups et PMEs, investissements dans les institutions de recherche et développement, internet de qualité, accès à l’énergie ;
  • Des institutions publiques qui soutiennent les innovations et les marchés ;
  • Une bonne articulation entre le secteur productif et les Universités ;
  • De bonnes politiques publiques qui mettent l’innovation au centre de l’agenda de développement et qui affectent les ressources nécessaires à la promotion de l’innovation ;
  • Une approche régionale qui permette une meilleure mutualisation des faibles moyens des Etats africains et des expériences de succès qui ont lieu dans certains États.

La bonne nouvelle est que pour mettre l’innovation au centre de l’agenda du développement, l’Afrique n’a pas besoin de réinventer la roue. Nous pouvons apprendre des expériences des autres régions et nous pouvons surtout éviter leurs erreurs. En outre, dans de nombreux domaines, nous pouvons opter pour des voies totalement nouvelles pour tirer profit des évolutions technologiques et les innovations sociales accessibles à tous aujourd’hui grâce aux progrès de l’internet et de la globalisation.

Par exemple, est-ce que le paradigme actuel selon lequel une agriculture performante est synonyme de plus de mécanisation, plus d’engrais, plus de pesticides chimiques, et plus de transformation agro-industrielle est la solution pour lutter contre l’insécurité alimentaire en Afrique ? Est-ce que l’Afrique et ses partenaires se posent-ils les bonnes questions ? Les approches actuelles axées sur le succès de la révolution verte en Asie dans les décennies antérieures sont-elles encore valables aujourd’hui pour le Continent et aussi pour le monde ? Le continent a-t-il besoin de sa propre révolution verte capable de répondre aux exigences futures? Si oui, quels pourraient être les éléments d’une telle révolution agricole ? Quelles devraient être les priorités du changement technologique dans l’agriculture africaine ? Quels changements institutionnels et politiques sont nécessaires à long terme ?

C’est conscients de ces problématiques et du fait que la transformation ne peut avoir lieu que si nos pays parviennent à construire avec succès des économies axées sur l’innovation, que mon partenaire Dr. Olugbenga Adesida et moi-même avons décidé de créer une plateforme, que nous avons appelé Africa Innovation Summit, qui met ensemble toutes les parties prenantes de l’innovation en Afrique pour réfléchir conjointement sur ce qui devrait être fait par les africains eux-mêmes pour répondre aux principaux défis auxquels l’Afrique est confrontée comme la pauvreté, l’insécurité alimentaire, l’accès aux besoins de base des populations comme l’eau et l’énergie, les mauvaises politiques publiques et la mauvaise gouvernance.

D’aucun peut se demander pourquoi une PME africaine sans moyens financiers peut-elle se lancer dans une telle aventure titanesque généralement réservée aux États ou aux multinationales ? La réponse est bien simple : Pourquoi pas ? Nous avons été encouragés par le succès de la première édition qui avait réuni en Février 2014 à Praia, Cabo Verde plus de 350 participants venus de 30 pays africains avec, la présence du Président Paul Kagamé en plus du Président du Cabo Verde et des ex-Présidents du Cabo Verde Pedro Pires et de la Mozambique Joaquim Chissano. L’Afrique a besoin de champions et de leaders qui ont de l’ambition pour l’Afrique pour transformer cette ambition en énergies positives et en actions collectives.

La deuxième édition de l’AIS qui se déroulera du 6 au 8 Juin 2018 à Kigali sous le Haut Patronage des Présidents Paul Kagamé et Pedro Pires, sera une occasion unique et singulière de réunir dans un même endroit les parties prenantes des écosystèmes d’innovation pour discuter et échanger sur l’avenir et les perspectives du continent mais aussi pour faciliter le changement et faire bouger les choses. Dans ce cadre de promotion de solutions, nous sommes dans le processus de sélectionner jusqu’à 50 start-ups et PME en collaboration avec l’entreprise sud-africaine Entreprise Room pour présenter leurs innovations et interagir avec les participants. De plus, AIS II aura un programme complet qui combine l’innovation et les défis auxquels le continent est confronté et une extension régionale avec l’organisation de trois rencontres en simultané avec le Sommet de Kigali dans trois capitales africaines, un live-streaming des débats ce qui permettrait une plus large participation en y incluant la Diaspora africaine dans le monde.

Ces caractéristiques, alliées au fait que nous voyons l’innovation au-delà de la perspective technologique, font le caractère original de notre initiative. AIS II ne sera pas une Conférence en plus, ni un « talk-shop » où l’on vient entendre ou faire des discours. Même la « Conversation avec les Présidents » sera une opportunité pour dialoguer et échanger sur la formulation de politiques publiques et non pas un espace de discours.

Ce que nous prétendons avec notre initiative c’est construire une plateforme pour les dialogues multipartites, mobiliser le grand public pour constituer une base élargie d’alliances pour l’innovation et formuler un agenda stratégique qui permette d’établir un plan d’actions concrètes.

L’innovation dans tous les aspects de la vie d’une société est ce dont l’Afrique a le plus besoin. Pour cela nous avons tout de même besoin du soutien de tous, pour construire un environnement propice à l’innovation en Afrique. C’est notre conviction que tous, nous avons un rôle de catalyseur à jouer pour assurer le succès de cette initiative et transformer notre Continent. Nous sommes ouverts à développer un partenariat avec tous ceux qui comme nous voudraient faire de l’innovation un facteur clef de l’accélération du développement sur le continent dont un des résultats serait de réduire la crise migratoire actuel.

La qualité des membres du Conseil Consultatif est la preuve que notre appel a commencé à être entendu et que nous mériterons votre soutien à tous les niveaux : financiers, participation, suggestions etc. Pour ceux qui veulent et peuvent nous aider, ils peuvent consulter ici le forfait de commandite.

Partout sur le continent, des start-ups et des hubs technologiques émergent et nous disposons maintenant de nombreux exemples d’innovations sociales, appliquant la technologie pour surveiller les élections, la corruption ou la contrefaçon de produits pharmaceutiques pour ne citer que quelques-uns. L’Afrique est donc sur le bon chemin, il nous appartient à nous africains de saisir l’opportunité pour transformer nos économies grâce à l’innovation.

Avec financialafrik.com

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