Journée mondiale de l’alimentation au Sénégal à Sédhiou : Réflexions autour de la sécurité alimentaire

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Le temps d’une célébration, la région de Sédhiou a été, lundi 16 octobre 2017, la capitale de l’alimentation au Sénégal à l’occasion de la Journée mondiale consacrée à la situation alimentaire. Celle-ci est décrite par les autorités sénégalaises sous le schéma d’un pari en passe d’être gagné via la mise en route de multiples projets et programmes agricoles. Les producteurs prennent le contre pieds de ces déclarations, relevant une situation d’extrême précarité sociale en milieu rural et périurbain. Nombreux sont encore des ménages qui peinent, témoignent-ils, à assurer les trois repas quotidiens.

«Changeons l’avenir des migrations, investissons dans la sécurité alimentaire et le développement rural», informe sudonline.sn. C’est le thème générique de cette 37e édition de la Journée mondiale de l’alimentation, célébrée hier lundi à Sédhiou. Venu présider cette journée, à la tête d’une forte délégation, Moustapha Lô Diatta, le ministre délégué auprès du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural chargé de l’Accompagnement et de la Mutualisation des organisations paysannes, a procédé dans un premier temps à la visite des Domaines agricoles communautaires (Dac) de Séfa, de la vallée rizicole de Samiron et du centre avicole Cocorico de Goudiabiya. Ici, le promoteur Sissao Dramé, un migrant de retour sur sa terre natale, explique les raisons de son option par «le désir de revenir investir dans mon pays, le Sénégal. Je suis à peu près sûr que nombreux sont des migrants qui veulent rentrer au bercail. Mais, revenir sans moyen et vivre pire que la situation de départ est insupportable pour eux, compte tenu des langues de stigmatisation». Sissao Dramé de raconter l’impact du regard de l’autre une fois rentré à son foyer d’origine. «Moi, il m’a fallu beaucoup de courage et le soutien moral de ma famille, pour réussir mon projet d’aviculture. Certains disaient même que j’étais rapatrié alors que je garde toujours mes titres de séjour illimités en Italie».

Des projets et programmes pour assurer la sécurité alimentaire

A la cérémonie officielle, le ministre Moustapha Lô Diatta a fait comprendre que d’importants projets et programmes sont en cours d’exécution pour porter la croissance via l’agriculture. «Il s’agit, entre autres mesures, de soutien à l’agriculture. Nous avons les subventions aux intrants d’un montant de plus de 40 milliards de F Cfa, le programme de modernisation du matériel agricole qui consacre 5 milliards de F Cfa chaque année et les programme d’adaptation aux changements climatiques», note le ministre. Et Moustapha Lô Diatta de poursuivre que «la mise en place du projet d’appui à la réduction de la migration va permettre à l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida) de réaliser 400 fermes Natangué, du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) qui a pour but de contribuer à la réduction de la précarité sociale. Enfin la mise en place du Programme d’Appui au Programme National d’Investissement de l’Agriculture du Sénégal, ndlr (Papsen) en collaboration avec la Coopération italienne dans le cadre de la maîtrise de l’eau et l’aménagement des bas-fonds».

Les producteurs peignent un tableau calamiteux en milieu rural

Sur le terrain, des trappes de pauvreté persistent à des amplitudes diverses. «Il m’arrive très souvent de mettre mon téléphone portable hors service, tellement je suis sollicité par des familles démunies en quête de pitance. A la tribune officielle généralement tout est rose, avec des chiffres qui font rêver. Mais, en brousse, ce sont des paysans qui souffrent dans l’anonymat et tirent le diable par la queue. Seulement, leur orgueil ne leur permet pas, en tout cas pour l’instant, de raller au sujet de la nourriture. Ils sont jusqu’ici nombreux, les ménages qui n’assurent pas les trois repas quotidiens», témoigne Toumboul Djité, le président d’un groupement de producteur à Sakar sur l’axe Sitaba/Kolda. Mamadou Korka Diao de l’association de lutte contre la soudure et l’endettement, représentant le Conseil régional de concertation et de coopération des ruraux, confirme. «Le volume de la pluviométrie n’avait pas atteint les espoirs l’an dernier. Et, c’est hélas la même situation de déficit cette année avec l’arrêt précoce des pluies. Toutes choses qui font que les ménages sont nombreuses à vivre dans une situation de précarité sociale. Je confirme que dans toute la région de Sédhiou, il y a beaucoup de foyers qui n’assurent pas les trois repas du jour», relève-t-il avec conviction et en présence de beaucoup de producteurs venus du monde rural pour la circonstance.

Le ministre délégué, Moustapha Lô Diatta, a enfin indiqué que le défi pour le gouvernement du Sénégal est de trouver la meilleure articulation entre les transferts des migrants et les programmes et projets locaux de développement notamment dans le secteur agricole pour, dit-il, faire des jeunes des entrepreneurs agricoles qui seront fixés dans leur terroir. Cette cérémonie a lieu en présence de nombreux responsables de projets et programmes notamment de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture  (Fao).

Moctar FICOU / VivAfrik

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