Le développement durable est sans conteste une affaire de tous. Qu’un pays doté de richesses tel que Madagascar reste dans le rang des plus pauvres nous laisse envisager que « tous » les acteurs ne s’y mettent pas.
Madagascar est la quatrième plus grande île au monde. Le pays possède une importante richesse naturelle sous un climat tropical. Il est l’un des plus beaux pays au monde et parmi les plus pauvres également. En effet, malgré qu’il figure parmi les 10 hot-spots de la diversité biologique mondiale son PIB par habitant est, si l’on se fie à agoravox.fr, de 420 USD. Force est de constater que l’avenir à long terme de ce pays est presque une métaphore et pour ce qui est de l’espoir dans le présent, le chaos en tient lieu.
Une population jeune
Madagascar est composée d’une population jeune dont 50% ont moins de 20 ans, et ce nombre aura doublée d’ici à 2025 selon les études de l’UNICEF et PNUD. Ce fléau de l’extrême jeunesse très fréquente en Afrique est expliqué par la forte natalité que la population connait. Cette croissance est sans doute vue comme un blocage pour le développement en particulier dans un pays comme Madagascar où le chômage bat son plein. Mais sur le long terme, d’ici à 10 à 20 ans, cette natalité représente un atout pour la raison évidente qu’elle assure une hausse de la population active qui favoriserait l’économie du pays par une force de travail potentiellement élevée. D’autant plus que l’espérance de vie à Madagascar est de 64,67 ans en 2013, 11ème sur le classement des 54 nations d’Afrique.
Energies renouvelables à non renouvelables
Malgré le soleil tropical tout au long de l’année et l’océan et la mer qui bordent toutes les côtes de la Grande île, Madagascar est encore dépourvue d’électricité. Selon Economic developement board of Madagascar (Edbm), le niveau d’accès à électricité de la population est de 19%. Force est de reconnaitre que ce pays ne manque pas d’énergies non renouvelables et pour ce qui est des énergies renouvelables il existe une colossale possibilité d’en produire pour ne citer que les panneaux solaires et les éoliens offshore. Ces deux procédés permettront de subvenir aux besoins de la population en termes d’énergie comme ils permettent d’en économiser. Ce qui sera un grand coup d’accélérateur sur l’efficacité énergétique. Un nouveau site opérationnel du pétrole a été découvert dans l’Ouest du pays récemment, il s’agit de Tsimiroro. Un grand potentiel équivalant à presque de 2 milliards de barils de pétrole de densité forte ou huile lourde. L’on a supposé que cette grande découverte accentuerait le progrès de l’économie malgache et impacterait la politique de prix de l’énergie à Madagascar. La holding Pan African mining atomic (Pama) dirigée par le milliardaire thaïlandais, Premchai Karnasuta, a effectué l’exploration et bientôt l’exploitation des quatre sites uranifères identifiés aussi dans la Grande île. Ces sites sont des gisements d’uranium anciennement exploités par la France.
La conservation de l’environnement
La lutte contre le réchauffement de l’atmosphère est une affaire de tous. Bien que Madagascar agisse pour protéger sa biodiversité, les conséquences des activités humaines sont alarmantes. 50 000 ha de forêts disparaissent chaque année dans la Grande Ile. La culture sur brûlis, la coupe abusive des arbres pour trafic de bois précieux et le charbonnage font partie intégrante du quotidien des paysans et mafieux. Il est moins rationnel de proscrire à ces paysans leurs habitudes sans proposer d’autres sources de revenus. Par ailleurs, la conservation des nombreuses espèces endémiques végétales et animales de l’île est un investissement responsable dans la lutte que le monde entier mène pour le climat. De par leur emmagasinage de 20 à 50 fois plus de CO2 que n’importe quel autre écosystème, les forêts telles que celles de Madagascar, avec un strict principe de préservation de la biodiversité, peuvent faire bénéficier des générations actuelles et futures.
L’agriculture durable, compte tenu de la variété de la végétation que le sol malgache offre, pourrait se caractériser en production responsable dans le but de multiplier la rentabilité sociale.
Madagascar regorge de ressources naturelles y compris les ressources minérales. Le pays, aussi appelé « île aux trésors » est connu pour la qualité de ses pierres précieuses telles que le saphir, le rubis et l’émeraude et bien d’autres. L’exploitation illicite et le trafic sans fin de toutes ces ressources freinent la croissance économique du pays. Le niveau de pauvreté de la population contraint les habitants à avoir recours aux ressources naturelles de façon destructrice en privilégiant le court terme au détriment d’une utilisation rationnelle qui revêt un caractère durable.
Les potentialités énergétiques renouvelables intéressantes, la richesse de son sous-sol et sa biodiversité unique au monde ne permettent-ils donc pas au pays d’avoir un développement durable ou du moins de mettre en route un principe de partenariat de coopération intergouvernementale ? Le développement durable est sans conteste une affaire de tous. Qu’un pays doté de richesses tel que Madagascar reste dans le rang des plus pauvres nous laisse envisager que « tous » les acteurs ne s’y mettent pas. S’agit-il de l’Etat, de la population ou des partenaires techniques et financiers ?
Melizah Memena / AgoraVox