Porté il y a deux ans aux commandes de la Banque africaine de développement (Bad), le nigérian Akinwumi Adesina, qui a été auparavant ministre de l’Agriculture dans son pays avant de rejoindre la Bad, estime que le moment est venu pour les économies africaines de se recentrer sur leur secteur agricole en vue de ne pas rater le rendez-vous imminent de développement. « Si nous ne changeons pas notre façon de voir les choses, dans 20 ans, l’Afrique n’aura plus de secteur agricole », a-t-il prévenu à mediacongo.net.
Cette déclaration a été faite à l’occasion des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad) qui se tiennent présentement à Ahmedabad (Inde). C’est par une conférence de presse d’ouverture tenue lundi 22 mai dans le Mahatma Mandir Convention Center d’Ahmedabad que le président de la Bad, Akinwumi Adesina, a lancé officiellement les activités de ces réunions consacrées essentiellement à la relance du secteur agricole africain. A cette occasion, la Bad met les bouchées doubles pour la promotion du secteur agricole. Elle promet d’injecter chaque année 2,4 milliards USD à cet effet, en attendant que tous les pays du continent lui emboitent le pas.
Redynamiser le secteur agricole africain
Selon le président de la Bad, il y a urgence de changer de cliché. Et à la Bad, la dynamique est déjà là. Il a annoncé que son institution s’engage à injecter chaque année, près de 2,4 milliards USD pour redynamiser le secteur agricole africain. Il s’attend par conséquent à une réelle politique des dirigeants africains pour permettre à la Bad de concrétiser ce projet. « Si nous ne transformons pas notre agriculture, nous aurons à faire face à des perturbations macroéconomiques très importantes », a par ailleurs rappelé le président de la Bad. Et de ce point de vue, les chiffres qu’il a présentés sont alarmants. Chaque année, a-t-il relevé, l’Afrique dépense presque 35 milliards USD dans les importations des produits agricoles. En 2025, ce chiffre devrait être porté à 110 milliards USD, prédit la Bad. D’où, la nécessité d’agir vite et maintenant, a souligné Akinwumi Adesina. Pour le président de la Bad, ces Assemblées d’Ahmedabad marquent un tournant pour plus de financement en faveur de l’agriculture. « Nous devons concentrer des efforts pour que les pays investissent davantage dans l’agriculture (…). Il faut que le rôle des gouvernements soit modifié en multipliant des incitations au secteur agricole », a lancé le président de la Bad. Il est convaincu que « l’agriculture, c’est la clé du développement ».
Il est temps maintenant pour l’Afrique d’agir pour son développement
D’ores et déjà, il s’est félicité des résultats réalisés en 2016 grâce à l’intervention de la Bad. Il s’agit de 5,7 millions de ménages qui ont augmenté leur productivité agricole grâce aux interventions de la Banque en 2016. Pour le président de la Bad, « il est temps maintenant pour l’Afrique d’agir pour son développement par la promotion net de soutien à son secteur agricole ». Elle peut compter sur la Bad qui est, en a fait, l’un de ses piliers sur les cinq retenus par son président, à savoir : « Eclairer l’Afrique et lui fournir de l’énergie ; nourrir l’Afrique ; industrialiser l’Afrique ; intégrer l’Afrique ; et améliorer la qualité de vie des africains ». Dans son plan d’action pour la période 2013 – 2022, la Banque entend promouvoir une croissance solide, partagée et durable en Afrique. Sa stratégie, intitulée « Au cœur de la transformation de l’Afrique » se fixe deux objectifs principaux : « promouvoir la croissance pour tous en Afrique ; et encourager le passage progressif à la croissance verte « résilience au changement climatique, bonne gestion des ressources naturelles, mise sur pied d’infrastructures durables) ».
Moctar FICOU / VivAfrik