Total a annoncé la signature de deux accords avec le Sénégal pour l’exploration et l’exploitation de concessions pétrolières « en offshore profond » au large du pays.
Un doute se dissipe en ce début Mai 2017, le groupe pétrolier Total a annoncé mardi 2 Mai la signature de deux accords avec le Sénégal pour l’exploration et l’exploitation de concessions pétrolières « en offshore profond » au large du pays. En effet, tout le monde attendait son arrivée dans les projets pétroliers et gaziers du Sénégal dont les réserves ne cessent d’attiser les appétits des Majors du secteur. Cet accord était attendu depuis fin décembre 2016 car, les deux parties avaient à cette période conclu et signé un document-cadre de coopération sur lequel le président sénégalais a été interrogé, à la sortie de sa rencontre avec le Président français François Hollande. « Si Total veut explorer notre offshore sédimentaire profond, je pense que c’est très positif pour le Sénégal. Il restera à définir le cadre de cette intervention. Tout est précisé dans le code pétrolier. Un accord d’association pourra être conclu et Total sera amené à assumer à un certain nombre de travaux. Si Total a décidé de venir, tout comme BP, c’est un plus. Et il n’y a aucune contradiction avec ce que nous avons fait jusqu’à présent », avait-t-il indiqué.
Jusqu’ici, on n’entendait que les noms des sociétés Canadiennes, américaines et britanniques, Cairn energy, Timis corporation, Petro-Tim ou Kosmos energy, dans l’exploration du pétrole sénégalais qui ont, à juste raison, misé sur le Sénégal. Total vient de franchir le pas en manifestant son intérêt pour l’exploration et la production. Le premier accord est un contrat de recherche et de partage de production d’hydrocarbures sur le bloc Rufisque Offshore Profond d’une superficie de 10 357 km2, dont Total sera opérateur (90%), aux côtés de la Société Nationale des Pétroles du Sénégal (Petrosen), qui détiendra les 10% restants. Le second est un accord de coopération avec Petrosen et le Ministère de l’Energie et du Développement des Energies Renouvelables de la République du Sénégal, aux termes duquel Total réalisera une étude de la zone en mer très profonde, en vue d’en déterminer le potentiel d’exploration et de devenir opérateur d’un bloc d’exploration. En matière d’exploitation pétrolière, il y a les contrats de partage de production et les contrats de concession. Le Sénégal a choisi le type de contrat qui permet à chaque partie de connaitre la part qui lui revient grâce a une clef de répartition ben définie. Les contrats du groupe au Sénégal portent sur des investissements de quelques de 60,2 milliards de francs CFA (près de 92 millions d’euros) pour pouvoir faire des travaux à la fois d’étude sismique et de forage de puits de pétrole. Quant à la phase de production prévue si découvertes il y a, elle se fera selon un mode de partage de production d’hydrocarbures. Le modèle économique de total est de toujours produire sur tout bloc qui fera l’objet d’une découverte de gisement exploitable, en partenariat avec des juniors pétrolières ou sociétés pétrolières nationales ou compagnies partenaires en Afrique qui passent progressivement du statut de régulateur à celui d’opérateur. Toutefois, le modèle économique ne s’éloigne pas du Moho Nord en mer profonde, situé à 75 kilomètres au large de Pointe-Noire, en République du Congo. Et sur les trois sites suivants, Ngiri, Jobi-Rii et Gunya en Ouganda. Ainsi, au congo, Total opère son projet avec une participation de 53,5%, à côté de Chevron Overseas (Congo) Limited (31,5%) et la Société Nationale des Pétroles du Congo (15%). Par contre en Ouganda il opère avec une participation de 33,33 %. Le reliquat des droits du bloc revient au britannique Tullow et au chinois CNOOC.
Rappelons que l’’excellence opérationnelle du Groupe en mer profonde a donné à Total une position de leader en Afrique, et que le groupe met en œuvre son expertise mondialement reconnue pour l’exploration des bassins en mer profonde des pays africains qui souhaiteraient explorer leurs gisements pétroliers. Voila pourquoi le Groupe Total est très attendu par les États hôtes. C’est aussi une des raisons qui font qu’il ne se positionne que sur des projets innovants et structurants. On constate qu’il n’est intéressé que par des projets complexes, d’ingénierie ambitieuse et de haute technicité à savoir : l’utilisation d’une technologie sans câble permettant de limiter l’impact sur l’environnement ; la mise en œuvre de projets de réhabilitation du sol, pour chaque forage d’exploration, le transport par pipeline sur des milliers de kilomètres tout en réalisant les meilleures plus-values.
Quelles sont les retombées possibles pour le pays ?
Les concessions accordées par l’État du Sénégal suscitent un espoir et des retombées économiques, compte tenu des mégaprojets réalisés un peu partout sur le continent par le Groupe. Le Sénégal est un pays pétrolier et gazier en devenir. D’importants gisements y ont été découverts et les premières estimations donnent pour le pétrole des capacités comprises entre 250 millions et 2,5 milliards de réserves de barils. Maintenant que Total entre en scène, ces estimations pourront augmenter. Le Groupe a récemment positionné la Côte d’Ivoire comme hub régional d’importation de GNL d’Afrique de l’Ouest avec un terminal de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL) de Vridi. Peut être qu’il veut positionner le Sénégal comme un hub sous régional pour le carburant ou autres ? A l’heure actuelle on ne peut trouver les réponses que dans les propos de l’ambassadeur de la France, Christophe Bigot qui a abordé certaines questions sur le pétrole sénégalais dans une interview accordée au journal “Le Quotidien” : « Des groupes pétroliers et gaziers viendront, sans doute, faire des investissements qui sont considérables pour forer des puits, avoir de nouveaux permis, de nouveaux blocs, construire les installations de production, de liquéfaction, assurer le transport… C’est toute une économie qu’il faut développer. Au Sénégal, il faut former des techniciens. Si ce n’est pas le cas, les sociétés pétrolières et gazières seront obligées d’en importer. Il est important de réfléchir sur les installations en mer comme à terre ». On peut voir dans ces propos une prémonition quand on sait que la phase de production est dans quelques années.
Bacary Seydi / VivAfrik