Le gouvernement du Sénégal a décidé de nouvelles mesures portant sur la pêche au poulpe, en vue de promouvoir des initiatives de cogestion, a annoncé, jeudi, à Dakar, le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Oumar Guèye.
« Aujourd’hui, face à la raréfaction du poulpe, il est nécessaire de mettre en œuvre des mesures de gestion propres à la ressource », a-t-il indiqué à l’APS au cours d’un atelier de partage d’expériences de gestion durable de la pêcherie au poulpe, en collaboration avec l’Agence de coopération japonaise (Jica). Selon M. Guèye, « la pratique au Sénégal en la matière n’a pas toujours un soubassement scientifique et les mesures de gestion sont souples, comparées à celles en vigueur au Maroc », par exemple. « La valeur commerciale du poulpe sénégalais sur les marchés européen et japonais est faible en raison de sa qualité peu appréciée », a-t-il signalé. Il a rappelé qu’un Plan d’aménagement durable des pêcheries du Sénégal (Adupes) visant pallier ces contraintes a été élaboré en 2015 et est en cours de mise en œuvre. Ce plan s’inscrit dans le cadre du Projet d’étude de la promotion de la cogestion des pêcheries par le développement de la chaîne de valeur (Procoval), dont l’objectif global est d’établir un schéma directeur et un plan d’action, dans le but de consolider renforcer et de promouvoir les initiatives de cogestion des pêcheries, selon le ministre. « L’importance accordée à l’approche inclusive et participative des acteurs a permis à toutes les parties prenantes, de contribuer à la définition et à la mise en œuvre des activités », a relevé Oumar Gueye.
A travers sa composante développement de la chaîne de valeur du poulpe, ce projet vise l’amélioration de la qualité de ce produit, de manière à ce qu’il puisse répondre aux exigences de qualité du marché japonais et contribuer à l’augmentation des exportations sénégalaises, a-t-il soutenu. Pour ce faire, des techniques d’amélioration de la conservation de l’espèce sont en cours d’expérimentation à bord des pirogues, dans les sites de débarquement ainsi qu’au niveau des industries de pêche, a indiqué le ministre. « Je rappelle que ces expériences ont permis la promotion d’un poulpe sénégalais de qualité améliorée au niveau du Salon international de Tokyo en 2015 et à Osaka en février 2016 », a ajouté M. Guèye. Il a fait observer que la pêche occupait en 2016 « le premier poste d’exportation du Sénégal », avec 204,43 milliards de francs CFA, soit 14,63% des recettes du pays. « C’est pour maintenir ce potentiel et sa dynamique de performance que face à la surexploitation des espèces démersales côtières et aux limites de la gestion centralisée pratiquée depuis plusieurs décennies, l’Etat, avec l’appui de la Jica, a expérimenté et adopté définitivement l’approche cogestion dont les résultats sont jugés très satisfaisants », a-t-il fait valoir. Cette approche « a contribué de manière appréciable à l’amélioration de la prise de conscience des acteurs, de leurs rôles et responsabilités dans la gestion durable des ressources halieutiques », a souligné le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime. Qui s’est dit convaincu que l’expertise japonaise en matière de cogestion sera mise à profit par la partie sénégalaise, pour un meilleur pilotage du processus d’harmonisation des politiques de pêche et de lutte contre la surexploitation des espèces de poissons, mollusques et crustacés.
Moctar FICOU / VivAfrik