Le tourisme de masse et la protection de l’environnement sont-ils conciliables en Méditerranée ?

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La Méditerranée attire chaque année des centaines de millions de visiteurs. Mais cette activité touristique de masse contribue à fragiliser et détruire son environnement et, par conséquent, à rendre la destination moins attractive. Un phénomène que de nombreux professionnels cherchent à endiguer. Ils prennent des mesures pour réduire leur impact sur la nature. Et, parfois, cela leur permet même de faire des économies. Enquête réalisée par tourmag.com dans le cadre de l’ouverture de l’année du tourisme durable par l’Organisation mondiale du tourisme (Omt) en 2017.

Avec son climat tempéré tout au long de l’année, ses plages, ses paysages magnifiques et son patrimoine culturel incomparable, la Méditerranée a tout pour attirer les voyageurs. Ces derniers sont d’ailleurs largement au rendez-vous. Tellement que la Méditerranée est aujourd’hui la première destination touristique au monde. Elle a accueilli 314 millions de visiteurs en 2014, ce qui représentait alors près de 30% du nombre total des arrivées de touristes internationaux à travers le monde. Une fréquentation qui ne fait que croître depuis plus de 40 ans sur un rythme qui a tendance à s’accélérer. Selon des estimations de l’Organisation mondiale du tourisme (Omt), si la Méditerranée comptait 58 millions d’arrivées internationales en 1978, leur total atteindra 500 millions en 2030. L’activité génère un très grand nombre d’emplois dans la région : selon un rapport publié en 2015 par le Conseil mondial du tourisme et des voyages (Wttc), le tourisme concentre 11,3% de l’emploi en Méditerranée. Le secteur réalise 11,5% du produit intérieur brut (PIB) de la zone. Malheureusement, les activités liées au tourisme – surtout de masse – en Méditerranée ont souvent pour conséquence la fragilisation, voire la destruction, de l’environnement.

« Le tourisme côtier est une source d’impacts environnementaux graves »

« Le tourisme a clairement un impact assez fort sur l’écologie. Surtout les croisières qui sont de plus en plus nombreuses en Méditerranée », confirme Guillaume Cromer, directeur du cabinet ID-Tourisme. Les activités balnéaires sont, elles aussi, à l’origine d’importantes dégradations environnementales. Dans son rapport « Promouvoir un tourisme durable et inclusif en Méditerranée » de septembre 2016, Plan Bleu, organisme pour l’environnement et le développement méditerranéen, écrit qu’elles augmentent « le prélèvement de ressources naturelles comme l’eau potable (…) ou encore les aliments » et pèsent « parfois sur la production locale, en particulier celle des produits de la mer (surpêche) ». Pendant les périodes de forte fréquentation touristique en Méditerranée, la consommation électrique explose également en raison du recours à la climatisation ou au chauffage. Par ailleurs, « le tourisme côtier est une source d’impacts environnementaux graves : par exemple, pollutions marines et d’eau douce dues aux rejets d’eaux usées et aux décharges sauvages de quantités considérables de déchets solides », note Plan Bleu. « On constate même des aberrations comme l’arrosage des espaces verts en pleine journée dans certains pays du Sud de la Méditerranée », ajoute Julien Le Tellier, chargé de mission pour l’organisme. Malgré cela, tout porte à croire que les activités touristiques et industrielles liées à la mer vont continuer à se développer au cours des deux décennies à venir. Dans ce contexte, comment faire pour ne pas freiner le développement touristique, générateur de richesses, tout en veillant à protéger la nature ?

L’environnement : à la fois notre gagne-pain et quelque chose de fragile

Surtout que « la Méditerranée est la matière première des professionnels du tourisme. Continuer en faisant comme si de rien n’était équivaut à jouer avec le feu », prévient Guillaume Cromer. Alors, pour ne pas dégrader irrémédiablement leur « outil de travail », des opérateurs prennent des mesures. Ils font en sorte de maîtriser leurs dépenses énergétiques et limiter leur impact écologique. A plus ou moins grande ampleur. « Certains professionnels prennent conscience que la destruction de la nature aura des conséquences économiques pour eux. Cela permet de passer du stade des recommandations à celui de l’action », résume Julien Le Tellier.

Moctar FICOU / VivAfrik

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