« L’Afrique est la prochaine frontière pour le café ». Cette affirmation de Robério Oliveira Silva, directeur exécutif de l’organisation internationale du café (Ico), semble être confirmée chaque jour un peu plus grâce à l’Ethiopie. Le pays, qui a consommé 127 000 tonnes de la fève en 2015, représente le quart des ventes de café dans la zone Moyen-Orient et Afrique.
Selon un rapport d’Euromonitor, un éthiopien consomme en moyenne 200 tasses de café par an, alors que le revenu annuel par habitant est de 600$. Cette statistique en fait le plus gros consommateur de la fève dans la catégorie des pays affichant un revenu par habitant aussi faible, et place l’Ethiopie au même niveau que des pays plus riches comme la Corée du Sud ou la Russie. Aussi les experts se demandent-ils désormais jusqu’où s’élèverait la consommation de café dans le pays si les éthiopiens avaient des revenus plus importants. « Avec une croissance économique qui s’envole (le PIB a augmenté de 10,2% en 2015), cette question n’est plus aussi rhétorique qu’elle l’était par le passé », explique Matthew Barry, analyste spécialisé sur les boissons à Euromonitor international. A la question de savoir si cette consommation interne représente une menace pour les exportations du pays, l’expert répond que la volonté de l’exécutif de développer ses exportations afin d’augmenter les réserves en devises du pays constituerait la plus grosse menace pour ce secteur. En effet, dans un contexte de hausse de la consommation interne, le gouvernement ne pourrait atteindre cet objectif qu’en réduisant la quantité de fève disponible pour le marché local. Dans un pays où le fait de réserver les fèves de haute qualité pour la consommation domestique est déjà passible d’amende (ce qui suscite un sentiment d’injustice chez les éthiopiens), une telle décision passerait mal. 5ème producteur de café de la planète, et réputé pour la qualité de son arabica, l’Ethiopie est désigné comme le pays d’où est partie l’habitude de consommer le breuvage.
Moctar FICOU / VivAfrik