D’ici à 2050, la population mondiale pourrait atteindre 9,6 milliards de personnes, augmentant la demande alimentaire de près de 70 %. Comment garantir à tous un accès à la nourriture ? Au cours de la session plénière de juin, les députés ont souligné l’importance de l’innovation dans le domaine de l’agriculture afin d’augmenter la productivité et de limiter l’impact écologique de la production.
Réduire l’impact environnemental
europarl.europa.eu estime que, dans l’Union européenne, 10,35 % des émissions de CO2 résultent d’activités agricoles. À l’échelle mondiale, la production agricole représente 11 à 15 % des émissions de gaz à effet de serre. Si l’on y ajoute l’utilisation des terres, la fabrication, la déforestation, le transport, l’emballage et les déchets, l’agriculture représente jusqu’à 50 % des émissions. Le député libéral néerlandais Jan Huitema est l’auteur d’un rapport sur l’innovation dans l’agriculture européenne adopté par l’ensemble du parlement le 7 juin dernier. Selon lui, « les agriculteurs disposent des capacités et des connaissances nécessaires pour développer de nouvelles techniques, mais ils sont souvent confrontés à une législation obsolète ». Le texte souligne que l’agriculture de précision permet de réduire l’usage de pesticides et d’engrais ainsi que les quantités d’eau utilisées. Les systèmes de gestion basés sur les TIC, qui utilisent par exemple des informations collectées par la robotique, visent à atteindre de meilleures performances tout en réduisant l’empreinte environnementale de la production agricole. « Certaines techniques de pointe existent déjà, telles que la lutte contre les parasites par l’utilisation d’insectes ou la production d’engrais à partir de déchets. Pourtant, la législation européenne peut parfois entraver ce type d’innovations. Les députés ont décidé d’aller de l’avant plutôt que de rester ancré dans le passé », explique Jan Huitema.
Afrique : venir en aide aux petits producteurs
Selon le programme alimentaire mondial de l’ONU, 795 millions de personnes dans le monde n’ont pas un accès suffisant à la nourriture pour mener une vie active et saine. La grande majorité d’entre elles vivent dans des pays en voie de développement. En Afrique subsaharienne, une personne sur quatre est sous-alimentée. La nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition a été créée en 2012. Les pays membres du G8, les gouvernements africains et certaines entreprises telles que Yara international travaillent ensemble afin de promouvoir les investissements dans le domaine de l’agriculture en Afrique. La députée verte allemande Maria Heubuch est l’auteur d’un rapport à ce sujet, également adopté lors de la dernière session plénière. « Trop de terres en Afrique sont utilisées pour produire des cultures commerciales destinées à l’exportation plutôt qu’à la consommation locale. Cela rend les pays africains très dépendants à la nourriture importée, et vulnérables aux changements de prix sur le marché mondial », a-t-elle expliqué. Concernant l’utilisation potentielle d’organismes génétiquement modifiés (Ogm), Maria Heubuch estime que « l’ingénierie génétique n’augmente pas forcément les rendements : au contraire, les Ogm mènent à une utilisation de pesticides plus importante ».
Moctar FICOU / VivAfrik