Après la 21ème conférence sur le climat fin 2015 0 Paris, place à la COP22. Et c’est le 7 novembre 2016 à Marrakech que s’ouvrira cette rencontre internationale considérée comme la grand-messe des négociations climatiques sous l’égide de l’ONU. Ainsi, après le succès retentissant qu’a connu celle de Paris qui a réussi à obtenir des pays un accord pour maintenir la hausse de la température « bien en dessous » de deux degrés par rapport aux températures préindustrielles, la COP22 a maintenant pour mission d’assurer la mise en œuvre concrète de l’accord.
Pour cet objectif, il faudra selon huffpostmaghreb.com non seulement que les pays restent engagés pour limiter le réchauffement, mais aussi qu’ils redoublent d’efforts et trouvent des solutions aux questions qui, pour l’instant, bloquent la mise en œuvre concrète des engagements pris. Le financement, le respect du bien-être des populations et du principe d’équité dans la lutte contre le réchauffement climatique sont notamment des sujets auxquels la conférence devra s’attaquer.
Encourager la prise de décisions
Le Maroc, en tant que pays président, aura un rôle crucial à jouer pour faciliter le dialogue entre les membres et encourager la prise de décisions ambitieuses, sans lesquelles atteindre l’objectif de limite de la hausse de température en dessous de deux degrés restera une chimère. Le succès de la présidence du Maroc ne pourra réellement être évalué qu’à l’aune des résultats de la conférence, que nous connaîtrons à la fin du mois de novembre, mais le désir d’exemplarité du royaume laisse en tous cas espérer.
La transition énergétique vers des énergies propres semble en bonne voie, avec le projet d’élargir le parc éolien pour qu’il puisse produire 26% de l’électricité marocaine d’ici 2020 et le projet Noor, dont la première phase a été lancée en février, et qui devrait donner jour à la plus grande centrale solaire du monde d’ici 2020. Le Maroc a de bonnes raisons de vouloir agir contre le réchauffement climatique, qui l’affecte directement. Les sécheresses, les inondations et la désertification sont les trois principales menaces, et le réchauffement ne fait que les aggraver. Le royaume a donc tout intérêt à ce que le reste du monde se mette d’accord pour agir, et rapidement. C’est le sentiment qu’a exprimé le ministre des affaires étrangères et de la coopération et président de la COP22 Salaheddine Mezouar lors de son discours d’ouverture aux négociations de Bonn, qui préparent la COP22 et se déroulent cette semaine en Allemagne. Pour lui, le choix du Maroc comme hôte de la COP22 représente la « reconnaissance par la communauté internationale des actions prises par mon pays ». Il définit les priorités de la présidence marocaine comme étant l’obtention de résultats concrets, la mise en place d’un mécanisme de financement efficace et la protection des plus vulnérables. Le Maroc s’est ainsi engagé à promouvoir l’intégration des questions de genre aux négociations et à agir en faveur des pays vulnérables comme les petites îles menacées par la montée du niveau de la mer et les pays en développement. La présidence marocaine est aussi une occasion rêvée pour l’Afrique de faire entendre sa voix. M. Mezouar a ainsi évoqué des préoccupations particulières à l’Afrique, comme la résilience des oasis.
Une opportunité pour le développement de la société civile
Fatima Ouhali, membre de la société civile marocaine et engagée pour le climat, espère aussi que la tenue de la COP22 au Maroc permettra une redistribution du pouvoir en faveur de l’Afrique. Elle s’inquiète, néanmoins, de la capacité du Maroc à guider le monde vers des mesures ambitieuses. « Le pouvoir politique du Maroc est encore assez limité sur la scène internationale, notamment par rapport à celui de la France », explique-t-elle. Ajoutant qu’ « obtenir un accord sera donc un grand défi à relever ». Elle explique aussi que la société civile marocaine qui agit pour le climat n’a pas encore atteint sa maturité, et n’a pas beaucoup d’expérience dans le lobbying politique. Elle aura, selon Mme Ouhali, plus de mal à se faire entendre par les gouvernants. La France, qui a présidé la COP21, a en tous cas entièrement confiance en son successeur. Pour Paul Watkinson, principal négociateur sur le climat pour la France, la tenue de la conférence à Marrakech est une opportunité pour la société civile marocaine de se développer et gagner en expérience. « Le Maroc assume pleinement l’agenda des solutions », assure-t-il. Cet agenda, développé par le Pérou, hôte de la COP20 et par la France, a joué un rôle essentiel pour favoriser l’inclusion des acteurs non étatiques agissant pour le climat. M. Watkinson se rappelle du « binôme quasi fusionnel » que la France avait formé avec son prédécesseur pour la préparation de la COP21. « Il s’agit d’une véritable collaboration, nous avons bénéficié des conseils et de l’expérience du Pérou et nous avons inclus le Pérou jusqu’au dernier soir de la COP21 » déclare-t-il tout en espérant une collaboration aussi fructueuse avec le Maroc, afin de maintenir l’enthousiasme pour l’action climatique généré à Paris.