L’Afrique pourrait ériger une Grande Muraille verte face au Sahara

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Le projet a été officiellement lancé en 2007, mais l’idée existe depuis des décennies, depuis sa première évocation par le militant écologiste britannique Richard St. Barbe Baker, dans les années 1950. L’objectif est d’empêcher la progression de la dégradation des sols et de la désertification dans des communautés locales de 14 pays. La muraille, qui ferait 15 mètres de profondeur, fait partie d’un programme de développement dont les idées ont déjà été exportées vers d’autres parties du monde, comme Haïti ou les Fidji.

Les représentants des pays participants se sont retrouvés à Dakar, au Sénégal, la semaine dernière pour évaluer le progrès effectué et les défis à venir pour cette « prochaine merveille du monde ». Les États impliqués ne se font aucune illusion : la Grande Muraille verte n’est pas un remède miracle contre l’avancée du désert. A en croire euractiv.fr qui a recueillie les explications de Nora Berrahmouni, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), qui participait au projet, tout comme l’UE et la Banque mondiale, « les pays comme le Sénégal ont beaucoup replanté, mais ce n’est pas assez ». Au Burkina Faso, au Mali et au Niger par exemple, le projet se concentre sur les plantes médicinales et alimentaires, avec un accent particulier sur l’eau. Ce type de projets, encouragés par la Fao, est particulièrement porté sur l’utilisation de variétés locales adaptées au climat et aux conditions de la région. Ils encouragent également les techniques de gestion et la plantation traditionnelles, afin que les habitants puissent s’occuper seuls du maintien de la muraille quand elle sera complétée. Les principales critiques de cette stratégie touchent à l’approche unique au problème. L’énorme variété de paysages, environnements et cultures qui se succèdent entre la côte Ouest et la côte Est de l’Afrique a en effet poussé certains observateurs à se demander si cette approche unique était la meilleure solution à l’échelle du problème.

Selon notre source, les défenseurs du projet ont toutefois souligné que les projets complémentaires et la participation des communautés locales signifient que les personnes qui en ont le plus besoin ont des moyens de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. La récupération de terres touchées par la désertification bénéficie également aux espèces locales et pourrait encourager le lancement d’un nouvel écotourisme dans la région. Paradoxalement, la Grande Muraille verte ne séparera pas les pays, mais servira à les unir. Dans les régions frontalières du Mali et du Niger, les communautés locales sont ainsi passées outre les frontières nationales pour s’entraider à mettre en place des programmes de reproduction végétale et de conservation de l’eau. Camilla Nordheim-Larsen, spécialiste de gestion des terres de l’ONU, souligne que les possibilités mises à jour par les projets de développement permettent de s’attaquer aux origines de l’immigration.

Concluant son inventaire, le spécialiste de l’ONU alerte en effet que plus de 60 millions d’africains pourraient être contraints de quitter leur foyer dans les cinq années à venir à cause de la désertification et du changement climatique. D’ici à 2025, les deux tiers des terres arables du continent seraient perdus. « Ce projet permettra de renforcer la résistance des communautés locales et donner aux jeunes des raisons de rester », rassure-t-il.

Moctar FICOU / VivAfrik

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