Le financement de l’adaptation au changement climatique progresse dans les grandes métropoles, mais reste très en-deçà des besoins dans les pays du Sud, apprend-on d’une étude publiée dans Nature Climate Change et reprise dans euractiv.fr.
Les grandes villes ont-elles conscience des risques du changement climatique? Tout porte à le croire, à la lecture de l’étude menée par Lucien Georgeson, de l’University College London, et ses collègues sur dix d’entre elles. Ces dernières années, le financement consacré à l’adaptation est en hausse pour l’ensemble d’entre elles, de l’ordre de 3 à 4% par an. De fortes disparités existent toutefois: dans l’absolu, c’est New York qui domine, avec 2,11 milliards d’euros affectés à l’adaptation en 2014-15, soit 108 fois plus que les 19,6 millions de la capitale éthiopienne.
Villes et régions contre le changement climatique
Rapporté au produit intérieur brut, c’est Pékin qui arrive en tête avec 0,33%, bien devant Londres, New York et Paris, toutes entre 0,22% et 0,23%. La capitale chinoise fait d’ailleurs figure d’exception dans les pays émergents et en développement (dont les capitales se situent entre 0,14 et 0,16%), ce que les chercheurs imputent à la forte centralisation politique de la Chine. En revanche, c’est Paris qui l’emporte pour le financement rapporté au nombre d’habitants, avec 516 euros par tête. New York arrive en deuxième position à 251 euros, tandis qu’Addis-Abeba et Lagos (principale ville du Nigéria et d’Afrique) se situent aux environ de 6,5 euros par tête.
Paris paie le prix fort contre le changement climatique
Paris est certes première pour le financement de l’adaptation par habitant (516 euros par tête), mais c’est en raison de sa population intra-muros relativement petite, ce qui fausse les données, notent les chercheurs. Dans l’absolu, elle arrive troisième derrière New York et Londres, avec 1,17 milliards d’euros en 2014-15, soit 0,22% de son produit intérieur brut. Elle arrive aussi troisième pour la préparation aux catastrophes climatiques, avec 13,2 millions d’euros.
Brême et Durban s’allient pour s’adapter au changement climatique avec des priorités différentes
Les chercheurs observent de légères nuances dans l’affectation de ces fonds : au Sud, ils sont plus souvent affectés à l’agriculture et à la forêt (environ 4%, contre 1% dans le Nord), voire à la santé comme à Addis-Abeba et à Lagos. Les pays développés favorisent plutôt l’eau (entre 15% et 18%, contre 13% au Sud) et l’énergie (de 8 à 9%, contre 6 à 7% au Sud). Là encore une exception, Pékin consacre 48% de son financement au bâtiment, contre 31 à 35% pour les 9 autres villes.
Une adaptation plus matérielle qu’humaine
Au vu de ces résultats, «l’adaptation semble largement influencée par des besoins, liés au marché, de protéger un capital physique, plutôt que des populations à risque», constatent les chercheurs. En termes de préparation aux catastrophes climatiques, New York a dépensé 27,7 millions d’euros en 2014-15, contre 260 000 euros pour Addis-Abeba. Selon l’équipe, «les métropoles des pays en développement et émergents ne disposent pas d’assez de ressources pour l’adaptation, au vu de leurs populations actuelles et futures. C’est particulièrement inquiétant pour des villes comme Jakarta et Lagos», aussi peuplées qu’exposées au réchauffement climatique.
Moctar FICOU / VivAfrik