Déjà leader en Afrique en matière d’énergie renouvelable grâce à la géante centrale solaire Noor 1, le Maroc, pays hôte de la COP22 met l’électrification de l’Afrique en haut de son agenda. A un peu moins de dix mois de la COP22, qui va se tenir à Marrakech, le royaume est déjà sur le pied de guerre pour en faire une « COP du concret ». L’expression est de Salaheddine Mezouar, le ministre des Affaires étrangères du Maroc, qui s’exprimait au 4e Forum international Afrique développement, organisé la semaine dernière à Casablanca par le groupe Attijariwafa bank. Et s’il y a une cause que l’accord historique de Paris sur le climat arraché en décembre doit servir en priorité, c’est bien celle de l’électrification de l’Afrique et de son financement, estime Rabat, lit-on dans lesechos.fr dans sa livraison du 29 février et lu par vivafrik.com.
Plus de 600 millions d’africains, soit plus de la moitié de la population de ce continent, n’ont pas accès à l’électricité. Et ils sont chaque année 10 millions de plus. La courbe de production d’énergie blanche est beaucoup moins raide que celle de la croissance démographique de l’Afrique. Ses capacités ne dépassent guère celles de l’Allemagne, quinze fois moins peuplée. La consommation de l’Afrique subsaharienne n’atteint pas le niveau de l’Espagne. Pourtant, le prix du kilowattheure est bien plus élevé que dans les pays développés. L’accès à l’électricité, en tant que prérequis à tous les autres facteurs de développement (santé, éducation, agriculture…), est aussi indispensable au bien-être de l’humanité qu’il peut être non dommageable à l’environnement. A Casablanca, les ministres et représentants des 29 pays participant au forum en convenaient tous. D’autant que le bond énergétique qui s’impose à l’Afrique est, selon eux, compatible avec les engagements de réduction des gaz à effet de serre (Ges) pris à Paris.
Un premier défi
Le Maroc a relevé le premier le défi. Le « tigre du Maghreb » tire un quart de son énergie blanche de son soleil, du vent ou encore de ses barrages. Un ratio plus élevé que celui de la France où la part des renouvelables dans le « mix » énergétique est de 19,3 %. Le royaume, qui vise les 52 % en 2030, a opéré dans le secteur électrique un saut technologique digne de celui que vit l’Afrique avec la téléphonie mobile. « En 1990, un peu moins de 50 % des marocains étaient raccordés au réseau électrique. Ils sont 97 % aujourd’hui », explique Ahmed Nakkouch, le PDG de Nareva Holding, le principal groupe électricien du pays qui dépend de la SNI, le holding du roi Mohamed VI. Les énergies renouvelables sont de plus en plus pertinentes aux plans technologique et économique. Les futures centrales solaires Noor II et Noor III de Nareva devraient pouvoir stocker l’électricité jusqu’à huit heures après le coucher du soleil. Les prix ont bien baissé. Ils ressortent à 80 euros le mégawattheure dans les derniers appels d’offres lancés en Europe, et à 35-40 euros au Maroc où l’ensoleillement est plus intense. Dans tout le reste de l’Afrique également, le rendement des énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire, géothermie) est bien supérieur à celui du Vieux Continent.
Moctar FICOU / VivAfrik