Les annonces et mesures en faveur de la transition énergétique semblent se multiplier un peu partout dans le monde, avec davantage d’investissement vers les filières énergétiques décarbonées. Une tendance qui permettra peut-être de transformer intelligemment l’essai de la COP21 dans les années à venir, rapporte aujourd’hui contrepoints.org et visité par vivafrik.com.
La question environnementale, évoquée lors de la COP21 à Paris, en décembre dernier, dépasse la simple dimension théorique et gagne progressivement en pragmatisme. Débats et positions ont pris de la distance vis-à-vis du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), et la perception du dérèglement climatique a changé. Cette prise de conscience croissante touche désormais l’ensemble des acteurs concernés, qu’il s’agisse des producteurs, des consommateurs, des pays en voie de développement ou des grandes puissances industrielles.
« Nucléaire et renouvelable sont parfaitement complémentaires »
Les initiatives et les investissements du secteur privé ont contribué à l’émergence de propositions concrètes et innovantes dans l’ensemble des filières de production énergétique décarbonée. Et ce dans le but de composer un mix énergétique optimal permettant à la fois de réduire les émissions de gaz à effet de serre (Ges) et de garantir l’approvisionnement des réseaux. Face aux enjeux du réchauffement climatique, l’ensemble des énergies bas carbone doivent être mises à contribution, afin d’établir la combinaison énergétique la plus adaptée et raisonnable en tenant compte des particularités nationales ou régionales. Comme l’explique dans Le Figaro Christian Pierret, ancien ministre délégué à l’Industrie et président du think tank Vista dédié aux questions énergétiques, « nucléaire et renouvelable sont parfaitement complémentaires dans ce cadre et constituent la condition pour mettre en place une décarbonation de la croissance économique. C’est le nouveau paradigme qui doit être pris en compte et qui va se substituer aux problématiques énergétiques fossiles ».
Un retour à l’atome pour accompagner les renouvelables
Plusieurs pays n’ont d’ailleurs pas attendu pour se positionner dans ces filières et enclencher une transition énergétique nécessaire. Le Costa Rica par exemple fait d’ores et déjà figure de modèle avec un mix électrique à plus de 99 % renouvelable en 2015. De nombreux pays africains s’orientent également peu à peu vers les énergies décarbonées et ont annoncé depuis début décembre plusieurs mesures fortes. On pense notamment au Maroc et à la Zambie qui comptent désormais pleinement sur l’énergie solaire ; à l’Éthiopie qui profite d’un potentiel éolien considérable ; ou encore à l’Afrique du Sud où l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables, éoliens en tête, seront associées dans un mix énergétique futur ambitieux. Certains pays développés comme le Royaume-Uni ou le Canada, font quant à eux le choix d’un retour au nucléaire pour accompagner le développement et la maturation technologique des énergies renouvelables. La province de l’Ontario, au Canada, par exemple, a annoncé la semaine dernière la mise en place d’un vaste programme de rénovation nucléaire lui permettant de garantir un mix électrique propre et durable dans les prochaines années.
« Le mouvement est en marche et nous devons l’accélérer »
La France possède déjà un mix électrique largement décarboné avec plus de 75% de nucléaire et près de 20% d’énergies renouvelables. Elle souhaite aujourd’hui optimiser ses moyens de production thermique, toujours indispensables pour répondre aux pics de consommation d’électricité. Le groupe EDF s’est engagé pour cela dans un programme de rénovation et d’amélioration technique de ses centrales thermiques. Le nouvel équipement « cycle combiné gaz » de Bouchain (Nord) devrait remplacer dans ce cadre dès cet été l’ancienne centrale thermique et améliorer significativement le rendement et l’empreinte carbone de ce site de production. Concernant les renouvelables, l’investissement en France a progressé de 26 % (7 milliards de dollars), en partie grâce au financement du projet de parc solaire de Cestas (Gironde), qui représentera une capacité de production de 300 Mégawatts (Mw).
Appelés à se multiplier dans les mois à venir, ces mesures et engagements en faveur d’un système énergétique plus durable suscitent l’intérêt des politiques. La ministre française de l’écologie, Ségolène Royal, s’est d’ailleurs félicitée, le mois dernier, que le secteur privé se soit ainsi « saisi de la transition énergétique […] et de la chance d’investir dans la croissance verte », y compris par anticipation. « Le mouvement est en marche et nous devons l’accélérer », avait-elle alors ajouté.
Moctar FICOU / VivAfrik