COP21: « Aux pays pollueurs de prendre leurs responsabilités ! » exhorte Théophile Chabi Worou

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Sur les volets adaptation et atténuation, les pays africains n’ont d’autres choix que de prendre des mesures contraignantes. Un pays comme le Bénin en a bien conscience. Les contributions au niveau national ont été soumises le 7 août dernier. Elles misent sur une approche participative, avec des groupes d’experts issus du Comité national changements climatiques, des Organisations de la société civile et du secteur privé. L’objectif affiché est de parvenir à   une meilleure gestion des changements climatiques, mais aussi de réduire la pauvreté. L’un des projets phares a été engagé par le chef de l’Etat Boni Yayi, 10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres (10 MAA). Arrive ensuite parmi les priorités : la protection de la zone côtière face à   l’élévation du niveau de la mer-érosion côtière (PANA 5), etc. Pour le ministre de l’Environnement, Théophile Worou, qui participe aux tables rondes des négociations, l’Afrique, continent à   faible contribution aux émissions de gaz à   effet de serre (3,8 % au total des émissions mondiales), est le plus exposé. Il explique au Point Afrique pourquoi il faut s’engager vers un développement responsable et résilient aux impacts du changement climatique.

Dans quel état d’esprit êtes-vous alors qu’on se rapproche d’un accord final dans cette COP21 ?

L’état d’esprit reste le même : serein et ambitieux. Nous ne sommes pas venus à   Paris pour quémander, que ce soit clair ! Mais, de la même manière, nous ne sommes pas prêts à   sacrifier notre développement. Parce que c’est tout l’enjeu de la COP21. Nous avons pris notre part de responsabilité en termes d’atténuation, nous ne sommes pas des pays émetteurs de gaz à   effet de serre. Dans notre pays par exemple, on contribue énormément à   faire baisser le taux carbone à   travers nos différents projets forestiers. Il en est de même sur les questions d’adaptation. Et je crois que sur ce point, on ne se laissera pas faire et nos chefs d’Etat ont été unanimes pour dire : « Paris, c’est vrai, c’est une étape cruciale, on doit parvenir à   un accord contraingant », mais cependant nous ne devons pas sacrifier notre croissance et notre développement.

Quel est le principal point de discorde ?

C’est l’argent ! Parce que qui dit passage dans les domaines stratégiques de notre développement énergétique, dit forcément argent. Et pour les pays africains qui, par exemple, connaissent un vrai problème de distribution d’énergie, c’est vital de répondre à   ces questions, en trouvant des solutions. Car sans énergie, on ne peut rien. Donc si nous devons passer de l’énergie fossile à   l’énergie propre, verte, ça va coûter énormément d’argent !

Jusqu’où irez-vous pour une meilleure négociation ?

Non, nous, on continue les négociations. Lorsqu’on fait le point aujourd’hui, les engagements ne sont pas tenus. Et ça, c’est valable depuis Copenhague. Il était prévu que jusqu’en 2020 les pays du Nord s’engagent pour mettre 100 milliards de dollars sur la table pour accompagner les pays en développement, mais quand on fait les comptes, on est à   peine à   10 milliards de dollars. Et pour la période post 2020 jusqu’à   2030, l’engagement c’est 100 milliards par an. On attend, on verra bien, pour l’instant les négociations se poursuivent. Nous avons encore quelques jours, et on a bon espoir qu’on finira par arriver à   un bon résultat pour tous.

Les pays du Nord doivent payer plus… encore ?

Evidemment. Nous disons tous simplement que ceux qui nous ont mis dans cette situation doivent prendre leurs responsabilités. C’est vrai, la responsabilité est commune et partagée. Mais en même temps cette responsabilité doit être différenciée, c’est pourquoi nous prenons des engagements sur les questions d’atténuation. Je prends l’exemple du Bénin, nous ne disons pas que les questions d’atténuation ne nous regardent pas, au contraire, on va s’investir pour réduire les gaz à   effet de serre. Mais l’adaptation, c’est ça qui nous permettra effectivement de se développer autrement. Mais je dis d’abord que ceux qui ont pollué n’ont qu’à   payer.

Comment prenez-vous vos responsabilités ?

On n’a pas d’autre choix. On doit faire en sorte de développer nos pays de manière responsable et durable. La question ne se pose même plus. Maintenant, nos projets doivent consister à   garantir à   nos enfants une meilleure gestion du développement.

Par Saër SY

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