Sécheresse en Afrique du sud : des observateurs craignent une faillite du secteur agricole

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L’important secteur agricole sud-africain fait actuellement face à une sécheresse jamais vue dans le pays depuis les 35 dernières années. Une vague de chaleur qui a provoqué une hausse de la demande en eau potable alors que les points d’eau se vident progressivement, mais aussi une température qui commence à produire des effets catastrophiques sur l’agriculture, un des principaux secteurs de la nation Arc-en-Ciel renseigne Ecofin dans sa livraison du 14 novembre dernier et lu par vivafrik.com.
Alors que tous les regards sont tournés vers le ciel qui parfois tremble la nuit sans libérer les précieuses gouttes de pluie, des experts multiplient des passages sur les chaines de télévision locales, avec des perspectives plutôt sombres. Sur une base de comparaison, ces fortes vagues de chaleur sont souvent observées dans l’hémisphère sud lorsque se développe un vent désigné El Nino, explique la plupart d’entre eux. Et justement, les experts confirment que ce vent-là est dans la région depuis l’année dernière.
Moins forte que celle de cette année, la chaleur de 2014 a toutefois eu son lots d’effets et désormais, les analystes sud-africains pensent que, cumulés à ce qui se passe aujourd’hui, les productions agricoles pourraient connaître un repli de près de 60%, avec comme conséquence un déséquilibre de l’offre en aliments, mais aussi une baisse de l’offre en protéines qui nourrissent l’important cheptel du pays.
A en croire notre source, les associations de fermiers ont déjà prévenu que leurs revenus ne permettront pas, pour la plupart, de faire face aux dettes contractées auprès des banques. Johannes Moller, le président du lobby agricole sud-africain, s’est exprimé à la télévision locale, pour déclarer que le secteur avait besoin d’un appui urgent du gouvernement, avant que les choses ne tournent au désastre.
« Financièrement c’est un désastre pour nous. Nous faisons face à des factures que nous devons payer, et en même temps nous avons besoin d’argent pour nourrir le bétail », a déclaré un des fermiers sur la chaine de télévision publique. Le secteur bancaire voit ainsi exploser les risques de défaut de paiement.
La dette globale du secteur avait déjà atteint 117 milliards de rands (8,1 milliard $) en 2014, selon des données fournies par le ministère sud-africain de l’agriculture. Cette année 2015, le secteur a bénéficié d’une extension de facilités de près de 97 milliards de rands, principalement, des cinq plus grosses banques du pays, mais rien n’y fait.
Du coup, les banques se montrent très prudentes vis-à-vis de ce secteur. Le gouvernement qui fait aussi face à une situation économique moribonde se trouve dans l’incapacité d’intervenir efficacement. Il a déjà dû assumer des dépenses imprévues, pour résoudre la crise avec les étudiants. Il doit aussi trouver des solutions aux menaces qui pèsent sur les emplois dans le secteur des mines et au déficit énergétique qui freine une bonne partie de l’activité économique.
Les observateurs estiment qu’une solution réside dans les importations des quantités manquantes pour combler les déficits. Mais là aussi rien n’est gagné car la chute des cours des matières premières pèse sur les réserves de change. En plus de cela, un recours au marché international entrainera une augmentation de la demande et donc une hausse des prix, rendant compliqué les approvisionnements.
Aussi grave que soit la situation, elle ne semble pas faire l’objet de préoccupations directes de la part des autres pays africains ou encore des organisations régionales. Pourtant les défis de l’Afrique du sud, l’économie la plus diversifiée et la plus productive de l’Afrique, ne sont pas comparables à ce qui arriverait en cas de chaleur survenant dans un autre pays de la région.
Moctar FICOU / VivAfrik

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