Les sécheresses et les inondations, de plus en plus fréquentes, pourraient compromettre le développement du pays. Un décryptage de Christine Rousseau (lemonde.fr).
Les aléas climatiques, qui voient l’Afrique du Sud prise régulièrement entre deux maux – sécheresse et inondation – pourraient-ils mettre en péril, dans les années à venir, son développement économique, et, au-delà, sa stabilité politique ? Ou bien servir de ciment à une véritable unité entre des communautés toujours traversées, vingt-quatre ans après la fin de l’apartheid, par des tensions raciales ? Encore faudrait-il pour cela qu’une réelle volonté politique se manifeste pour mieux gérer cette montée des périls.
Ce qui, pour l’heure, semble loin d’être le cas. Comme on peut le constater dans ce nouvel opus de « Sale temps pour la planète », où Thomas Raguet montre, à travers une série de situations, qu’aucune région, du Nord au Sud, n’est épargnée par les emportements, de plus en plus en plus fréquents, de dame nature. Certaines d’entre elles – comme la région du Cap où débute et s’achève le film – pouvant être touchées au cours d’une même saison par de fortes canicules, entraînant sécheresses et incendies, suivies en hiver par des pluies diluviennes dont les premières victimes sont, comme souvent, les populations les plus démunies.
Ainsi des immenses townships du Cap, fréquemment inondés et où les conditions précaires favorisent le développement de maladies, des vastes étendues agricoles du Limpopo (au nord-est du pays) où de plus en plus d’exploitants blancs – la majorité – mettent la clé sous la porte, après des récoltes calamiteuses dues à la sécheresse ; en passant par les lodges et villas inondées de la ville de Lephalale située dans le nord du pays, l’éventail des calamités et périls à venir est ici montré dans toute son ampleur. Qu’ils soient humains et matériels, bien sûr, mais aussi alimentaires, avec notamment la récente hausse des prix du maïs (l’aliment de base), ou encore environnementaux, avec la dégradation du fynbos, fabuleux réservoir de la biodiversité classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Face à cela, l’action de l’Etat semble pour l’heure faible, sinon dérisoire. On pense en particulier aux rehaussements de terrain effectués dans les townships, là où il faudrait remplacer des bicoques en tôles par des maisons en dur. Ou à l’impuissance des autorités de Lephalale à interdire les constructions dans des zones inondables.
Or, les experts climatiques annoncent une accentuation de ces phénomènes, si la température du globe venait à grimper de deux à trois degrés à l’horizon 2100.
lemonde.fr