Le four solaire de Mekhe est devenu une alternative efficace pour la protection de la mangrove et de la biodiversité, et comme moyen de lutte contre la déforestation comme l’ont attesté les femmes bénéficiaires à Mekhe, à joal et d’autres villages du Sénégal.
Son succès largement démontré dans ces villages, ses performances socioéconomiques y compris la facilitation de la création d’entreprises vertes, et son fort potentiel de socialisation, militent tous pour une large vulgarisation de cette trouvaille, et pour sa démultiplication à l’échelle du territoire national et dans d’autres pays africains qui font face aux mêmes problèmes de déforestation.
Des impacts environnementaux, et socioéconomiques indéniables
Au plan environnemental, les études ont démontré qu’un seul four solaire permet d’éviter la coupe de 12 arbres ce qui contribue à préserver les ressources naturelles. Surtout que son utilisation s’accompagne d’activités de régénération des ressources végétales à travers une reforestation dans tous les projets financés par le Programme PMF/ FEM Sénégal pour développer le Four solaire.
En Aout 2006, une enquête d’évaluation à mi-parcours était conduite avec le premier groupe de 44 familles qui avaient reçu les fours au mois de mai de la même année. Cette évaluation demandait aux familles de comptabiliser les montants dépensés dans les différentes sources d’énergies fossiles avant qu’elles n’accèdent à la cuisinière et de les rapprocher aux montants qu’elles ont dépensés dans ces mêmes sources après qu’elles aient reçu l’appareil pour la même période.
L’évaluation à découvert que chaque four familiale permettait d’épargner 3 métriques tonnes équivalent dioxyde de carbone, ce qui est l’équivalent de l’abattage de 12 arbres par an.
Le premier label écologique commercialisé par le projet de façon bénévole dans un marché de produits carbone, a permis la fabrication de 10 nouveaux fours.
La seconde évaluation conduite en avril 2007 et qui comprenait des données fiables sur les 44 familles, et sur un groupe de 49 autres familles qui ont reçu leurs fours entre aout 2006 et avril 2007. Cette évaluation a donné une qualité imparfaite et une sous utilisation des premiers fours. La méthode de calcul utilisée était très classique et était basée sur la supposition que chaque four n’était utilisable que pendant un an tout au plus, bien que dans les faits, un four bien construit, et bien entretenu pouvait durer 8 ans.
L’évaluation concluait qu’il y avait une quantité d’émission de gaz de 4 métriques tonnes qui a été évitée pour chaque four utilisé. Cependant, si chaque four durait au moins deux ans, cette moyenne pourrait être portée à 8 métriques tonnes.
De plus, le programme communautaire de reforestation a créée une pépinière locale de service de soutien technique à la sylviculture. En outre 3132 arbres forestiers ont été plantées et 719 arbres fruitiers.
Les impacts sur le plan socioeconomiques sont également visibles. Les familles qui utilisent le four solaire sont celles qui n’ont pas accès au gaz butane subventionné par le gouvernement, celles qui vivent en milieu rural, ou celles qui n’ont tout simplement pas assez de moyens financiers pour se procurer le gaz butane.
L’usage du four soulage les femmes du fardeau du ramassage de bois dans la brousse. Il fait également baisser le labeur physique, réduit les risques sanitaires du fait de l’exposition à la fumée, et procure des revenus additionnels provenant de la vente d’aliments et autres produits alimentaires fabriqués grâce au Four, sans compter le nombre d’emplois créés.
IL reste maintenant à relever le défi, de la vulgarisation et de la promotion de cette solution par les autorités en charge de l’environnement et de l’énergie. Car c’est par des solutions simples, peu couteuses, qui utilisent des technologies accessibles aux couches les plus défavorisées de la population notamment les femmes rurales que doit commencer le mix énergétique et l’intégration du genre dans l’accès aux services énergétiques propres et durables.
Un peu d’histoire : Genre et Énergies Renouvelables : l’exemple du four solaire de Mékhé au Sénégal
Bacary SEYDI / VivAfrik