Les chinois font ravages dans les forêts du Mozambique

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À partir des chiffres des exportations mozambicaines et des importations chinoises, l’EIA a calculé que 93 % de l’exploitation forestière au Mozambique était illégale au cours des dernières années. La majorité du bois de feuillus a été envoyé en Chine, où l’exploitation commerciale des forêts est interdite depuis 1998.

Depuis 2013, le Mozambique est le plus gros fournisseur de bois de la Chine sur le continent africain. D’après les calculs de l’EIA, les exportations illégales de bois ont fait perdre environ 113 millions d’euros de recettes fiscales à l’ancienne colonie portugaise depuis 2007. Cette somme aurait pu, par exemple, financer le programme forestier national du Mozambique pendant trente ans ou couvrir près de deux fois les coûts d’un programme de réduction de la pauvreté, selon l’EIA.

Production de charbon avec du bois précieux

Ana Alonso souligne que, contrairement aux réserves de gaz et de charbon récemment découvertes, le bois tropical pourrait constituer une source de revenus durable pour le Mozambique : « Si on fait les choses comme il faut, les forêts ne risquent jamais de disparaître. » Mais selon elle, de nombreux Mozambicains transforment le bois précieux en charbon ou brûlent les arbres pour créer des terrains agricoles, inconscients de leur véritable valeur.

Le ministère de l’agriculture inflige bien des amendes aux entreprises chinoises de temps à autre, mais Ana Alonso considère que les actions de ce type ne sont que des manœuvres politiques symboliques : « Les amendes sont une plaisanterie à côté des millions que gagnent les Chinois. La société civile doit passer à l’action et ne doit plus accepter cela. »

« Quand tous les arbres auront disparu, je brûlerai tout »

L’organisation locale de défense de l’environnement Forum Terra montre l’exemple. Elle informe les habitants sur leurs droits et les aide à créer des comités visant à prévenir la corruption des responsables locaux par des négociants chinois. Elle les incite également à arrêter les camions qui transportent du bois récolté illégalement. « Ils doivent appeler les autorités locales et la moitié de l’amende doit être versée aux habitants », explique Manuel Passar, membre de Forum Terra.

En attendant, le bûcheron illégal Nito Silva a remarqué la nette diminution du nombre d’arbres feuillus de grande valeur dans la région. Il ne se dit toutefois pas vraiment inquiet, en versant de l’essence dans sa tronçonneuse : « Quand tous les arbres auront disparu, je brûlerai tout pour créer des terres arables et je planterai du maïs et des ananas. »

Par Saër SY avec le Monde.fr

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