Après avoir été l’une des premières institutions financières africaines à avoir mis au centre de ses préoccupations le respect des écosystèmes dans les projets financés, la Banque ouest-africaine de développement (Boad) vient de se doter d’une véritable «stratégie environnement et climat 2015-2019» qui vise à poser les bases d’une croissance verte dans l’espace de l’Union économique et monétaire Ouest-africain (Uemoa) a indiqué Ecofin ce 16 novembre et parcouru par vivafrik.com.
A en croire notre source, cette feuille de route s’articule autour de trois axes : le renforcement des capacités des unités opérationnelles dans le domaine des évaluations environnementales; le développement d’outils efficaces de financement et de mobilisation des ressources pour soutenir la gestion environnementale et la lutte contre les changements climatiques; et la consolidation du leadership de la Boad dans la sous-région sur les questions environnementales.
En ce qui concerne le renforcement des capacités des unités opérationnelles dans le domaine des évaluations environnementales, l’objectif est de doter la Boad d’un cadre institutionnel et des outils plus favorables à la gouvernance de l’environnement et du climat. Cela implique plusieurs actions, dont la relecture des outils d’évaluation environnementale (Ee) de la Boad en vue de réduire les risques climatiques et les impacts des projets sur l’environnement et les populations, le renforcement des capacités des unités opérationnelles à travers l’internalisation des questions climatiques dans les politiques et procédures en matière d’Ee ainsi que le renforcement des effectifs de la structure en charge de l’environnement et du climat, et l’amélioration de la politique de Responsabilité sociale et environnementale (Rse), avec notamment l’information et la mobilisation en faveur de la réduction de l’empreinte carbone de la banque.
En matière de développement d’outils et mécanismes de financement et de la mobilisation des ressources visant à soutenir la gestion environnementale et la lutte contre les changements climatiques, la Boad s’appuiera notamment sur des partenariats avec des institutions financières et les mécanismes de financement de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc). Dans ce cadre, l’institution de financement du développement des Etats membres de l’Uemoa a été déjà accréditée en juin 2015 comme entité de mise en œuvre des projets par le Fonds pour l’environnement mondial (Fem) et le Fonds d’Adaptation aux changements climatiques (Fa). Le processus d’accréditation au Fonds vert pour le Climat (Fvc) est en cours. L’effet attendu de ces partenariats est le versement de 50 milliards F Cfa de prêts à taux concessionnel par la Boad pour le financement de projets environnementaux et la mobilisation de 30 milliards F Cfa de subventions auprès du Fa, Fem et Fvc.
Avec l’accréditation au Fa et au Fem et celle en cours au Fvc renseigne notre source, la Boad occupe déjà une place de choix dans le dispositif de la gouvernance internationale de l’environnement et du climat en Afrique de l’Ouest. Mais pour renforcer davantage cette position, la Boad entend désormais jouer un rôle catalytique pour renforcer les positions fortes des pays de l’Uemoa sur certaines questions environnementales majeures, telles que les changements climatiques, la perte de la biodiversité et la désertification.
Sur un autre plan, la Boad a déjà noué de nombreux partenariats techniques avec plusieurs institutions clefs dans le domaine de la lutte contre le changement climatique. Ainsi, le siège de la banque à Lomé abrite, depuis janvier 2013, le premier Centre régional de collaboration (Crc) sur le Mécanisme pour un développement propre (Mdp), fruit de la collaboration avec la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc). Comme tous les Crc, celui de Lomé est destiné à apporter un soutien direct aux gouvernements, aux Organisations non gouvernementales (Ong) et au secteur privé, pour l’identification et le développement de projets Mdp dans le cadre du protocole de Kyoto. Cet appui sur le terrain fait partie d’une initiative pour améliorer la répartition au niveau régional des projets Mdp en levant certaines barrières, notamment le manque de ressources et d’expertise, qui empêchent les pays en développement d’avoir accès à la finance climat à travers le Mdp.
Par ailleurs, la Boad a lancé une initiative carbone qui vise la promotion et le financement de projets éligibles au Mdp. En sa qualité d’institution multilatérale de financement, elle ambitionne ainsi de jouer un rôle catalyseur du marché carbone au sein de l’Uemoa. Dans cette perspective, la Boad, en relation avec les autorités nationales désignées et les porteurs de projets publics et privés, a constitué un portefeuille de projets actuellement en instruction active dans les domaines de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables, des procédés industriels, de l’agriculture, de la conservation des sols, de l’irrigation et des forêts.
Moctar FICOU / VivAfrik
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