Le Sénégal, acteur majeur du marché laitier en Afrique de l’Ouest, cherche à accroître sa production locale de lait dans le but d’atteindre l’autosuffisance et de réduire sa dépendance aux importations. Dans cette optique, le pays a renforcé ses partenariats stratégiques, s’inspirant du modèle ougandais, un leader en matière de production laitière. Le ministre sénégalais de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, a récemment effectué une mission en Ouganda pour échanger des expériences et étudier les solutions qui pourraient être adaptées aux spécificités sénégalaises.
La mission de coopération
Le 10 janvier 2025, le ministère sénégalais a annoncé, dans un comminiqué, que Mabouba Diagne, accompagné de son homologue ougandais Bright Rwamirama, a échangé sur des stratégies pour dynamiser le secteur laitier sénégalais. Cette mission a porté sur quatre axes majeurs à savoir le développement des infrastructures de production laitière ; la valorisation des systèmes coopératifs ; l’adoption d’innovations technologiques pour l’élevage laitier et le soutien aux éleveurs pour assurer une production durable et compétitive.
Ces échanges visent à offrir des solutions adaptées aux réalités du Sénégal pour renforcer sa filière laitière, réduire la dépendance aux importations et améliorer la compétitivité du secteur local.
L’Ouganda, un modèle de réussite
L’Ouganda se distingue comme un exportateur net de produits laitiers en raison de l’essor rapide de sa production. En 2023, le pays a enregistré une augmentation de près de 20 % de sa production de lait, atteignant 3,85 millions de tonnes, selon des données officielles. Cette forte croissance a permis à l’Ouganda de doubler ses recettes d’exportations de produits laitiers, faisant du pays une référence en Afrique de l’Est. Ce succès constitue un modèle pour le Sénégal qui aspire à optimiser son secteur laitier.
Les défis du marché laitier sénégalais
Le secteur laitier sénégalais fait face à des défis importants, notamment une forte dépendance aux importations. Selon un rapport de l’USDA publié en juillet 2024, le Sénégal importe environ 50 % de ses produits laitiers pour répondre à la demande intérieure. L’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) rapporte également que le pays a importé plus de 27 700 tonnes de produits laitiers en 2024, pour une valeur estimée à 53,4 milliards de francs CFA (83,5 millions $). Ces chiffres mettent en lumière l’importance de renforcer la production locale pour réduire la facture d’importation.
Les solutions et perspectives
Avec l’appui de l’Ouganda, le Sénégal envisage plusieurs leviers pour relancer son secteur laitier. Parmi ces solutions figurent l’amélioration des infrastructures de production, la promotion de l’agriculture familiale à travers des systèmes coopératifs, et l’introduction de technologies innovantes pour moderniser les méthodes d’élevage. En outre, le soutien direct aux éleveurs, notamment par des programmes de formation et des financements adaptés, devrait permettre de rendre la production plus compétitive.
La coopération entre le Sénégal et l’Ouganda ouvre la voie à une transformation significative du secteur laitier sénégalais. En s’inspirant du modèle ougandais, le pays espère non seulement stimuler la production locale mais aussi réduire la dépendance aux importations, tout en garantissant une meilleure compétitivité sur le marché régional et international. Ce partenariat pourrait marquer un tournant dans la politique de souveraineté alimentaire du Sénégal et contribuer à la croissance durable du secteur.
Moctar FICOU / VivAfrik