Le 29 novembre 2024, les dirigeants des Nations unies ont pris connaissance d’une proposition clé pour le futur Traité mondial sur la réduction de la pollution plastique. Mais tout reste encore à décider, avec deux options principales sur la table : imposer une réduction contraignante de la production de plastique à la source ou laisser chaque État libre d’agir à sa guise. Ce choix crucial pourrait déterminer l’avenir de la lutte contre la pollution plastique dans les décennies à venir.
Où en sont les négociations ?
Les négociations internationales sur la pollution plastique se sont intensifiées depuis le 25 novembre à Busan, en Corée du Sud, où plus de 165 pays se réunissent pour discuter d’un accord mondial afin de réduire la pollution plastique. La situation est d’autant plus urgente que la production mondiale de plastique devrait tripler d’ici à 2060, augmentant ainsi les risques pour l’environnement et la santé humaine.
Les négociations se trouvent dans leur phase finale. Ce samedi 30 novembre 2024, les négociateurs des États décideront s’ils parviennent à un accord sur les termes du futur traité mondial. La réunion se tient à huis clos à Busan et pourrait se prolonger jusqu’au dimanche 1er décembre. Le vendredi 29 novembre 2024, Luis Vayas Valdivieso, président du Comité intergouvernemental de négociation (INC), a présenté un projet de texte de 23 pages qui suscite de vives discussions.
Les deux options sur la table
La proposition de traité dévoilée par le président du comité de négociation est radicale. D’un côté, il y a la possibilité d’une approche contraignante à l’échelle mondiale, visant à réduire la production de plastique à base de pétrole à des niveaux durables. De l’autre, une option beaucoup plus souple permettrait à chaque pays de définir ses propres politiques, sans engagement contraignant sur la réduction de la production de plastique.
Un rapport de force entre pays producteurs et défenseurs de l’environnement
Le débat est tendu. Une coalition d’environ 100 pays, dont la France et l’Union européenne, se bat pour une réduction de la production de plastique à la source. La Commission européenne a d’ailleurs menacé de quitter les négociations si le texte final ne comprenait pas des objectifs précis et contraignants de réduction de la production de plastique. En revanche, des pays producteurs de pétrole, tels que les monarchies du Golfe, la Russie et l’Iran, font front pour s’opposer à toute restriction sur la production. Ils défendent leur économie fondée sur les combustibles fossiles, mettant en avant les enjeux économiques de leurs industries pétrolières.
Pour le représentant de la Micronésie, Andrew Yatilman, la situation est claire : « si nous n’agissons pas maintenant, nous risquons de manger du plastique au lieu du poisson dans un avenir proche ».
Les enjeux mondiaux de la pollution plastique
Les enjeux sont considérables : la pollution plastique touche non seulement les écosystèmes marins, mais elle représente également une menace grandissante pour la santé humaine. Selon une étude internationale publiée dans Science Advances, une augmentation de 1 % de la production de plastique dans l’industrie de la grande consommation correspond à une hausse de 1 % de la pollution plastique dans l’environnement.
De plus, les plastiques recyclés, notamment ceux issus des bouteilles PET, sont loin d’être sans risques. Trois études récentes réalisées en Europe ont révélé que ces plastiques pouvaient contenir des perturbateurs endocriniens et libérer de l’antimoine, un produit chimique toxique. En outre, des recherches menées par l’Université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas, ont mis en évidence une contamination bactérienne importante dans les eaux embouteillées dans des plastiques recyclés.
Le futur Traité mondial sur la pollution plastique pourrait être un tournant décisif dans la lutte contre cette menace. Les discussions à Busan de ce week-end pourraient bien dessiner le cadre d’une action mondiale ambitieuse ou d’un statu quo, avec des conséquences dramatiques pour les générations futures.
Moctar FICOU / VivAfrik