L’Afrique doit renforcer la gouvernance et la responsabilité pour réussir son développement économique durable, a déclaré Duma Boko, le nouveau président du Botswana, lors de l’ouverture de la Conférence économique africaine 2024 à Gaborone. Selon lui, la paix et la stabilité du continent sont directement liées à une gouvernance responsable, soulignant que cela constitue un droit humain fondamental pour chaque citoyen africain. Cette approche, a-t-il ajouté, est la base de toute stratégie visant à garantir un développement économique solide et pérenne.
M. Boko a également insisté sur l’importance de renforcer la démocratie et de promouvoir l’État de droit, des piliers essentiels pour bâtir une société stable et prospère. La conférence, qui s’est déroulée sur trois jours sous le thème « Assurer l’avenir économique de l’Afrique dans un contexte d’incertitude croissante », a rassemblé des dirigeants, des responsables politiques et des experts afin d’explorer les défis et les opportunités économiques du continent.
Organisée par le gouvernement du Botswana, la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), cette rencontre visait à proposer des solutions concrètes pour stimuler la croissance économique de l’Afrique. Le président du Botswana a souligné que la transparence, la responsabilité et le respect de l’État de droit sont cruciaux pour attirer les investissements étrangers et assurer une croissance économique durable.
Un appel à l’action face à l’incertitude mondiale
« L’Afrique est à un tournant décisif », a-t-il déclaré. « Nous devons surmonter les obstacles qui affectent nos citoyens tout en exploitant nos forces collectives pour garantir un avenir prospère dans un monde économique de plus en plus volatile, marqué par l’inflation croissante, des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement et des politiques monétaires restrictives ». Ce message souligne l’urgence d’adopter des politiques économiques solides et de renforcer la coopération entre les nations africaines.
Ahunna Eziakonwa, sous-secrétaire générale des Nations unies et directrice pour l’Afrique du PNUD, a ajouté que les incertitudes mondiales incitent l’Afrique à investir dans un futur prospère, « une Afrique dont le monde a besoin », caractérisée par une prospérité partagée, une intégration régionale efficace, une jeunesse dynamique et libérée des fléaux de la peur, de la maladie et de la pauvreté.
Elle a également souligné la nécessité de solutions financières innovantes pour réduire les coûts d’emprunt et lutter contre les biais des notations de crédit, qui coûtent à l’Afrique 76 milliards de dollars chaque année. « Il est crucial que les fonds de pension, les fonds souverains et les fonds d’assurance travaillent pour l’Afrique plutôt qu’ailleurs. Cette conférence ne doit pas seulement dresser un diagnostic des défis, elle doit aboutir à des solutions concrètes pour que les ressources abondantes de l’Afrique soient utilisées pour financer sa propre croissance », a-t-elle précisé.
Des solutions pour une croissance durable
La Conférence économique africaine 2024 a également mis en lumière les atouts uniques de l’Afrique, comme ses vastes ressources naturelles et sa population jeune, un potentiel qui pourrait être le moteur d’une croissance économique transformative si les gouvernements accordaient davantage d’attention à l’éducation, au développement des compétences et à l’ajout de valeur aux matières premières.
Claver Gatete, secrétaire général adjoint des Nations unies et secrétaire exécutif de la CEA, a abordé les défis majeurs auxquels l’Afrique est confrontée, notamment le changement climatique, la dette insoutenable et les inégalités mondiales. Selon lui, le système financier mondial ne répond pas suffisamment aux besoins de l’Afrique, et des réformes urgentes sont nécessaires.
« Les pertes annuelles dues aux catastrophes climatiques en Afrique atteignent 440 milliards de dollars, tandis que le déficit de financement pour atteindre les Objectifs de développement durable en Afrique est désormais de 1 300 milliards de dollars par an », a précisé M. Gatete. Il a également rappelé que la dette extérieure de l’Afrique a dépassé les 1 000 milliards de dollars en 2023, ce qui génère des paiements d’intérêts insoutenables, limitant ainsi les investissements dans le développement.
Renforcer les réformes et l’intégration régionale
Le président Boko a également encouragé les pays africains à exploiter pleinement le potentiel de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour transformer l’économie du continent. Il a souligné que la ZLECAf pourrait jouer un rôle clé dans l’augmentation des investissements, la création d’emplois et l’industrialisation.
« Nous ne devons pas laisser les incertitudes actuelles nous détourner des opportunités de demain », a affirmé M. Boko. Kevin Urama, économiste en chef et vice-président de la Banque africaine de développement, a fait écho à cet appel en incitant les pays africains à adopter des solutions innovantes adaptées à leurs défis spécifiques. Il a souligné l’importance de renforcer les politiques budgétaires et de mobiliser les ressources nationales de manière plus résiliente face aux défis liés à la dette.
« Les pays africains peuvent renforcer leurs réserves budgétaires et répondre aux défis posés par les marchés mondiaux de la dette en augmentant la mobilisation des ressources internes et en améliorant les cadres de politique macroéconomique », a ajouté M. Urama.
Moctar FICOU / VivAfrik